L'histoire :
Un sinistre individu en robe de bure traverse la campagne, sans grande notions d’orientation, pestant contre les bouseux, se plaignant de la météo, des marais putrides et des forêts obscures. Enfin, il arrive au château fort, sa destination. C’est la mort, son visage squelettique et sa faux à la main. Il est venu pour son petit rendez-vous avec le roi. L’astrologue-astronome-médecin du royaume est en effet formel : le roi va bientôt mourir dans d’atroces souffrances. Beaucoup beaucoup plus tôt que prévu. Et il s’agit de lui annoncer avec ménagement. Le médecin a alors une idée bien débile : lui faire un rébus mimé. Le roi comprend tout de travers et met plusieurs jours à apprendre son inéluctable agonie. Ses proches lui conseillent alors de travailler sur ses dernières paroles, afin qu’elles s’inscrivent dans la postérité. Par exemple, son père avant lui avait prononcé : « J’ai bien vécu, j’ai bien mouru » Le roi trouve ça complètement con. Pour lui, ça sera : « Ça craint du boudin. » Un problème majeur se présente tout de même : le roi n’a pas d’enfant, donc pas d’héritier. Qu’à cela ne tienne, des intrigants lui en dénichent au moins trois authentiques et illégitimes dans la journée : une petite vieille plus vieille que lui, un bouledogue et un tabouret…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Oyez, braves lecteurs, la chronique du roy qui se meurt. Auteur complet, Jean-Christophe Mazurie n’as certes pas un dessin des plus poussés, mais il a de bonnes idées de rigolade avec le moyen-âge. Son style graphique minimaliste suffit ainsi à dérouler 54 pages de grosse marrade absurde et décalée sur cette histoire découpée en gags autour de la mort annoncée du roi. Quitte à déflorer la fin, ne vous inquiétez pas, il ne meurt vraiment qu’à la dernière page. Avant cela, la reine, ses conseillers, son médecin et divers intriguant tournent autour de l’idée de sa succession. Car le roi n’a pas d’héritier et ça, c’est quand même hyper emmerdant. Dans ce contexte d’intrigues et d’escroqueries, on croise ainsi la mort dans sa robe de bure, des révoltes paysannes, des jouvenceaux qui inventent l’amour courtois (imaginez avant ce que ça pouvait donner !). Mazurie distille son sens de la réplique et réinvente le « vieux françois » à l’aune des expressions d’aujourd’hui.