L'histoire :
Charles Berberian se souvient des gros navets du cinéma de son enfance. Parmi ceux-ci, Türk Sinemasi, un film turc bien moisi des années 70, tient une place de choix. Ça racontait l’histoire de deux cosmonautes turcs qui attaquent le royaume cosmique d’un empereur maléfique. La riposte est musclée : l’empereur tire à coup de lasers sur eux et leur vaisseau s’écrase sur une planète inconnue. Après une phase d’exploration, ils y côtoient une civilisation étrange et s’entrainent à faire du karaté avec des pierres en polystyrène aux pieds… Enfin, c’est pas clair, mais c’est pas grave, puisque c’est un film de daube de série Z. Mais avant cela, Berberian se souvient aussi des années 60 alors qu’il habitait Bagdad avec ses parents. Sur les écrans de cinéma, on lui imposait alors des comédies musicales avec Farid El Atrache, un acteur et musicien arabe célèbre (il jouait du oud, un instrument à cordes traditionnel). Farid El Atrache se laissait tout le temps aller à d’insupportables chansons romantiques à l’eau de rose. Puis dans les années 80, le film le plus marquant pour Berberian, ce fut Paroles et Musique, d’Elie Chouraqui, avec Catherine Deneuve et Christophe Lambert…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Eh oui, on peut avoir été président du festival d’Angoulême et écrire ensuite des bouquins totalement dispensable : on y gagne alors une visibilité promo avantageuse et on peut néanmoins raconter à peu près n’importe quoi. Ici, Charles Berberian nous fait partager toutes les daubes du 7ème art qui l’ont marqué dans sa jeunesse… Aura-t-on droit ensuite à ses plats en sauce favoris ou à son top 10 des cravates les plus ringues ? Néanmoins, cela est fait « gratuitement » (c’est une expression, le bouquin coûte tout de même 16€) et surtout sans moquerie ni prétention. Surtout, si Berberian a été reconnu et distingué de la sorte par ses pairs, c’est aussi parce qu’il a un petit talent pour narrer et mettre en scène ce genre de sujet improbable et culotté. L'auteur parvient ainsi à ressusciter des nanards tels que Türk Sinemasi, méprisés (à juste titre) par la postérité. Il décrypte aussi l’addiction à Dallas, les tenues débiles des superhéros américains, ses premiers émois sexuels en regardant Edwige Fenech, le vide abyssal de La fille de Frankenstein… Berberian étaye avantageusement les résumés plus que synthétiques de ces œuvres, de courtes analyses amusantes et frivoles, et les marie à ses souvenirs de l’époque (l’élection de Mitterrand, la fête de la musique…). Une BD légère et superflue, donc indispensable ?