L'histoire :
Qui n'a jamais vu un film d'horreur en se demandant pourquoi les personnages se séparent ? Qui n'a jamais vu une comédie romantique où l'héroïne décide de retourner dans sa ville natale et retombe sur son ami d'enfance ? Qui n'a jamais vu un film épique avec un beau discours pour motiver les troupes avant un massacre glorieux ? Qui n'a jamais vu un film sans cliché ? Un cliché ? C'est quoi un cliché, d'ailleurs ? Cliché (nom masculin) : Lieu commun, banalité qu'on redit souvent dans les mêmes termes ; poncif. Exemple : un héros capturé interrompt par sa libération le discours du grand méchant. Antonyme : Cinéramdam (nom masculin) : excentrique, absurdité qui dévie l'histoire vers un chemin inconnu ; loufoque. Exemple : un héros capturé demande au grand méchant de continuer à parler et à improviser le temps qu'il se libère car les liens sont beaucoup plus serrés que d'habitude...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on pense aux clichés de cinéma disséqués en bande-dessinée chez Fluide Glacial, difficile de ne pas penser aux excellent Cinémastock de Gotlib et Alexis qui ont marqué toute une génération de lecteurs. Avec Cinéramdam, Karibou et Witko s'engouffrent dans cette même brèche pour tirer à boulets rouges sur ces ficelles scénaristiques usées jusqu’à à la corde et pousser la logique jusqu'à l'absurde : vu que tous les militaires au front se font tuer dès qu'ils montrent une photo de leur fiancée aux autres soldats, ne faudrait-il pas être célibataire pour en sortir vivant ? Est-ce qu'il ne faudrait pas recruter de meilleurs méchants pour attraper le héros ? Bref, le duo s'en donne à cœur-joie et explore tous les styles de film du 7ème art, de l'horreur au film de guerre, tout en passant par la comédie romantique, jusqu'au fantastique. Derrière ce grand dynamitage, on sent que l'équipe créative en connaît un rayon sur le cinéma. Si bien que chaque petite scénette vise parfaitement juste, le tout avec un humour plutôt bien pensé (la rencontre secrète dans un parking, le hacking du Pentagone en 30 minutes...). Pour la partie graphique, Witko a opté pour un trait relativement rond, sans trop de détails, mais très expressif. De fait, les dessins collent à merveille avec le cliché dénoncé et rajoutent une plus-value indéniable. En fin de comptes, Cinéramdam est une bande-dessinée qui se plaît à torpiller les facilités du 7ème art et à les pousser jusqu'au bout pour tomber dans l'absurde. Mine de rien, Karibou et Witko visent juste au travers de cette œuvre et se placent dans la droite lignée des Cinémastock d'antan ! Bien joué, les p'tits gars...