L'histoire :
Isa est une autrice, très très souvent à la bourre pour rendre ses planches. Elle préfère faire passer avant le travail la dégustation de la galette des rois avec sa mère, ou quelques heures à traîner sur Netflix. Mais son rédacteur en chef ne cesse de lui mettre la pression. Elle projette sa vie de femme âgée, dans une maison de retraite autogérée, dans les années 48 après l'ère #Metoo, où elle raconterait en tant que tata, à ses petits neveux, la fin du patriarcat, et toutes les mésaventures qu'elle a connu. En attendant, Isa les connaît ces dérives machistes. Elle les expérimente au quotidien de la part de ses collègues, de sa famille, de ses amis. Des gens qui n'ont pas forcément de mauvaises intentions, mais imprégnés de ce terreau si fertile des inégalités entre les hommes et les femmes. Isa est décidée à changer les choses, elle en parle avec ses amies, elle fait des rencontres, elle essaie de s'engager. Mais c'est compliqué pour elle qui a du mal à parler en public, et qui n'arrive pas à trouver la bonne répartie pour clouer le bec à son entourage. Et puis, comment s'y retrouver avec tous ces nouveaux mots qui apparaissent dans notre vocabulaire, tous ces anglicismes : manspreading, female gaze...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Isa, accompagnée de Michel Gaudelette sur le scénario, propose un titre dans l'esprit Fluide Glacial, qui mêle une part de son quotidien d'autrice, et de ses questionnements sur les inégalités hommes-femmes, sur l'engagement féministe. Cet album regroupe plusieurs pages de gags, déjà publiées dans le magazine Fluide Glacial, complétées par des planches sans colorisation, simplement des traits violets, qui sont ajoutées en bonus, et qui font le lien entre les histoires, en imaginant le futur d'Isa en train de raconter l'éradication du patriarcat à ses arrières-petits-neveux et nièces. Le style est humoristique et fantaisiste. Il alterne entre les petits tracas de son quotidien en tant qu'autrice dessinatrice de bande dessinée, et les interactions qu'elle peut avoir avec son entourage. Le dessin, avec des personnages aux gros nez, n'est pas sans rappeler les illustrations de Florence Cestac. Et l'on retrouve ce style tout au long des planches, bien qu'Isa a tout de même réussi à s'en affranchir pour créer son propre univers. Le titre, qui fera grincer des dents certains lecteurs, est surtout un brin provocateur – et sûrement vendeur. Mais il n'est pas le vrai sujet de la bande dessinée.