L'histoire :
La jungle est le royaume de Fantomar, un homme viril, blond, muni d’un short en jeans, d’un T-shirt blanc, de bottes et de poignets de forces. Fantomar s’autoproclame le meilleur homme qui ait vécu sur Terre. Le jeune noir Azerbahidjong, qui l’accompagne partout, tente certes de lui faire comprendre que le meilleur homme est Jésus Christ, rien n’ébranle les convictions de Fantomar. Et il n’a de cesse de vouloir prouver sa supériorité à ses pairs. Par exemple, en tentant de sauver un village attaqué par des femmes-araignées. Sa tactique imparable : leur foutre des coups de poing dans la tête. « Un poing est plus efficace qu’un pistolet car un poing ne s’enraye jamais ». Hélas, les femmes-araignées sont tout de même plus fortes que lui. Si seulement il avait réglé toutes les cotisations de son club de boxe quand il était gamin… Azerbahidjong vient à sa rescousse en dénichant dans une hutte un pulvérisateur d’insecticide. Le jeune garçon en met plein les bronches des femmes-araignées, qui détalent en courant. Cet abruti de Fantomar est persuadé que ce sont ses uppercuts qui ont réglé le problème. Azerbahidjong l’accompagne tout de même fêter cette victoire au Coconut Bar, où Fantomar s’en met une sévère à la tequila…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fantomar est un croisement improbable entre Chuck Norris (il veut rétamer tout le monde), Zlatan Ibrahimovic (il est certain d’être plus fort que tout le monde), le Supermurgeman de Matthieu Sapin (pour le caractère parodique du super-héros dans la jungle) et le personnage des courtes BD imprimées sur le papier des chewing-gums Malabar® (pour le look). Héros suprématiste improbable et crétin, il habite dans la jungle, répandant son égo démesuré, son prosélytisme néocolonial et son machisme sévèrement burné. Bref, Fantomar est d’autant plus l’empereur des abrutis, qu’il foire lamentablement les challenges qu’il s’auto-inflige, persuadé de pouvoir résoudre tous les grabuges à coups de poings et de tatanes dans la gueule. Ainsi, il n’a pas peur de se lancer à l’assaut des bandits, des narcotrafiquants, des crocotigres, des femmes-araignées, des dinosaures ou du costaud Groham, mais il devrait. Heureusement, deux acolytes tentent de modérer sa suffisance, en vain : sa copine Mirana (qui aimerait qu’il soit plus romantique et moins con) et le jeune Azerbahidjong, qui le supplante régulièrement pour sauver ses missions, à l’instar de Finot, le chien dans l’inspecteur Gadget. Sous les crayons de l’auteur complet Gad, qu’on connait notamment pour ses Ultimex, il se décline ici en un (premier ?) recueil de 10 historiettes jouissivement débiles et parodiques, entrecoupées de fausses pubs et d’une carte commentée de l’île-jungle Octavia. Outre la diatribe dérisoire envers le machisme ordinaire et le néocolonialisme crasse, un message fort et actuel se dégage de ces aventures : nous ignorons trop souvent notre propre connerie !
