L'histoire :
Sylvain et Laurent Lehon sont deux jeunes d’aujourd’hui, en âge d’entrer dans la vie active, qui habitent avec leurs parents dans une tour de béton. Leur quotidien : jouer au casse-briques, faire des conneries ou, dans le meilleur des cas, participer à des stages de motivation professionnelle « pour pas qu’on » leur coupe le RMI. En fait de stages, leur véritable objectif est de battre le record du délai avant que la formatrice ne pète définitivement un plomb. Leurs parents ne sont pas dupes, mais ils sont incapables de redresser la barre. Tout au plus sont-ils agréablement surpris lorsque leurs « bourricots » de rejetons dépassent les 10 mots de vocabulaires en une matinée… Inséparables, Sylvain et Laurent passent néanmoins leurs journées à s’insulter ou à se taper l’un sur l’autre. Pour une fille (un boudin), un yaourt (leur grande passion), pour rien du tout (le plus souvent), mais aussi parce que l’un a dénoncé l’autre chez les keufs parce qu’il lui a volé des pin’s à la con…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous croyiez saisir le niveau de désœuvrement pathétique et/ou de vacuité intellectuelle qui peut parfois régner dans une cité ? Attention, accrochez vous à la Pleïade, Lindingre vous démontre en 8 histoires courtes qu’il est possible d’aller encore plus bas que le fond ! Car effectivement, comparé à l’oisiveté quotidienne navrante de Sylvain et Laurent, brûler des bagnoles est une occupation de grande classe. Champions du monde des écervelés, ces deux olibrius n’ont absolument aucune notion du respect de l’autre et de la vie en général. Sans chercher à tenir de discours moralisateur ou politique, mais avec une jouissive faculté à appuyer là où ça fait mal, Lindingre met en scène cette apologie de la connerie pure, à l’aide d’un dessin à deux balles. Mais il ne faut pas chercher l’art graphique dans cette ligne épaisse et ces personnages aux traits grossiers. La force de l’ouvrage est un humour décalé, à la fois réaliste et terriblement ravageur. Comme le résume Albert Algoud (rédac’ chef de Fluide Glacial) dans sa post-face : « Atteindre une telle pertinence dans le grotesque, ce n’est pas donné à tout le monde ; Ducon et Ducon post-modernes ont un vaste avenir devant eux ».