L'histoire :
Klébar, le chien au regard flasque et à l’allure molle, a une maîtresse : une ménagère de plus de 50 ans. Mais celle-ci a elle aussi un maître : son poste de TV, sans lequel elle ne conçoit pas de vivre. Chaque instant de son quotidien est rythmé par les feux de l’amour, les chiffres et des lettres, le Michel Drucker du dimanche, Derrick… Même ce qu’elle ne comprend pas (le foot), elle le regarde (c’est n’importe quoi ce film : pas de scénario, une famille nombreuse – que des garçons ! – qui court pendant deux heures dans un jardin beaucoup trop grand pour être crédible…). Bref, chez elle, rien ne peut supplanter le bonheur d’un programme télévisuel désiré. Aussi, lorsqu’on y annonce la disgrâce de Patrick Poivre d’Arvor, qui ne présentera bientôt plus le journal de 20h, le choc est brutal. Elle fait une syncope et se retrouve aux urgences. Plus tard, de retour chez elle, son équilibre psychologique sera singulièrement perturbé : elle vivra quelques temps avec le fantôme de Patrick, lui vouant un culte au point de collectionner ses cheveux ou de croire sérieusement qu’il est devenu son amant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour être précis, les aventures de Klébar le chien auraient du s’intituler Télé mon amour. En effet, il s’agit plus des relations intimes qu’entretiennent une ménagère de plus de 50 ans (et son chien) avec leur poste de télévision-chéri, que des aventures d’un chien à proprement parler. Pour preuve, Klébar est pré-publié chaque semaine dans le magasine TV grandes chaines. Cette définition recadrée, les historiettes – ou gags – concocté(e)s par Mo/CDM sont une nouvelle fois assez bien senties. Avec ou sans sa maîtresse (et réciproquement), Klébar nous assène quelques réflexions sociétales et médiatiques qui ont le mérite de ne pas être trop téléphonées (une prouesse en matière d’humour en BD). Mais comme l’indique clairement la couverture, Mo focalise surtout cette fois sur l’éviction de Patrick Poivre d’Arvor du JT de TF1. Un véritable traumatisme pour les fidèles poivredarvoromames, totalement déphasés, à l’instar des vaches avec l’heure d’été. La présence fantomatique de l’emblématique présentateur, toujours avec la même tête caricaturée copiée-collée (celle de la couv), hante les deux tiers des planches de l’album, aux côtés de notre ménagère raz-du-ciboulot. Le tsunami médiatique a été rude… fallait bien ça pour l’honorer.