L'histoire :
L’homme préhistorique Adam vient de découvrir un truc de dingue : en cousant une peau de bête autour de sa taille, ça lui fait un pagne. Il trouve ça super joli et le montre à sa mère, assise nue dans sa grotte. Elle trouve ça complètement con et inutile : on ne voit plus sa bite ! La meuf qu’il fréquente, Eve, se moque aussi pas mal de cette petite élégance et elle l’embarque rapidos dans les hautes herbes faire du sexe, parce qu’elle en a envie. A peine ont-ils terminé, que la mère d’Adam l’appelle à table. Eve rentre également dans sa grotte, retrouver ses parents qui la gonflent sévère. Une énième engueulade explose. Elle part bouder sur une branche haut-perchée de son pommier, là où il y a son copain serpent. Ce dernier lui propose de bouffer une pomme, ce qu’elle fait. Mais bon, la pomme est dégueulasse, ça lui fout un super mal au bide. En réalité, ça ne se fait guère attendre : Eve est enceinte et ses parents sont vénère. A 16 ans, tu t’rends compte, Gilbert ! Bref, c’est le clash, Eve se casse de chez ses darons, avec Adam, pour s’installer à l’autre bout du monde, le plus loin possible des vioques qui la saoûlent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’a fait François Cavanna en son temps avec ses Ecritures, Emmanuel Moynot s’attaque ici à une brève réécriture de la parabole des premiers hommes dans le Premier Testament, à travers un joyeux et foutraque prisme préhistorique mâtiné de langage djeunz contemporain. Ainsi, Adam et Eve sont des cro-magnons décomplexés, qui se baladent à oilpé et claquent la porte de leurs grottes parentales pour aller fonder leur famille loin de leurs vioques relouds. S’ensuivent Abel et Caïn, pas franchement d’accord sur leur mode alimentaire, donc ils s’entretuent. Mais dans cette succession d’historiettes (qui répondent au mode de prépublication dans le magazine Fluide Glacial), il y a aussi Seth (le 3ème fiston), Lucy ou Toumaï (les premiers scientifiquement officiels), la fondation du premier quartier HLM à mettre à la vente… et zou, l’humanité est lancée et bien lancée. Mais jusqu’où s’arrêtera-t-elle ? La relecture sardonique et satirique de l’aube de l’humanité, avec toutes les expressions et le langage approximatif des djeunz, est certes un procédé un peu facile (et déjà vu), mais c’est quand même bien marrant (et sans autre prétention). Moynot s’appuie sur des mécanismes bien rodés pour dessiner le tout à l’aide d’une griffe encrée, rapide et jeté.