L'histoire :
Petite soirée entre amis. Raymonde termine les derniers préparatifs en cuisine. Robert se charge de l’apéro… L’occasion est on ne peut plus belle pour présenter aux copains les dernières acquisitions de la famille Bidochon. Car après le téléphone portable et le haut débit, c’est un petit catalogue fourmillant de délicieuses idées qui n’a pas mis longtemps à se faire adopter par la maisonnée. Ustensiles dernier cri, summum de la modernité, rendent peu fier notre Robert Bidochon. Et voilà qu’il leur présente sa splendide fausse cheminée réversible. Un truc tout électrique, buches et fausses flammes y compris, avec thermostat et air chaud propulsé par en dessous. Pas de corvée de bois, pas de cendres et bonus : l’été, c’est de l’air frais qui est envoyé… Du coup, on peut profiter d’un bon feu de cheminée toute l’année. Mais il y a mieux. Robert possède aussi le repousse-chien qui sert évidemment… à repousser les chiens. Et puis l’estimateur mesurant au laser les distances au millimètre. Capable, d’une seule pression, de fournir la distance qui sépare Robert du plafond. Indispensable incontestablement, tout comme cette fameuse poivrière qui éclaire l’assiette lorsqu’on verse le condiment. Bref, toute une petite panoplie patiemment consultée sur catalogue, achetée puis testée et approuvée… mais heureusement (pour nous) pas exempte de savoureux dysfonctionnements.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au cours de ce 20e forfait, notre brave Robert s’évertue une fois de plus à démontrer qu’il n’est pas une lumière (ça, c’est réservé à la poivrière, vous vous en rendrez compte rapidement !), pour notre plus grande satisfaction. Pas manchot pour partager souvent ses travers, c’est avec plaisir que nous le laisseront endosser une nouvelle fois le costume du naïf, du misogyne ou de l’entêté perclus de mauvaise foi, pour mettre en lumière (‘pouvez passer la poivrière, siouplait ?) nos propres dérives. Continuant leur démonstration des bienfaits de la vie moderne, et après avoir affronté portable et Internet, le couple Bidochon consomme du gadget à tout va. Vous savez, ces petites choses regroupées en catalogue (atterri on ne sait comment dans notre boîte aux lettres) qui, à force d’arguments de vente implacables, se retrouvent un jour ou l’autre entre les paluches de l’homme moderne. Robert teste et Raymonde subit. Robert démontre, offre, manipule. Peu importe le public. Même pas peur de la dépense ou du ridicule. Il s’abreuve de cheminée électrique réversible, repousse-chien, estimateur laser, simulateur de présence, pousse-bouchon, ramolibeur, pincitoast… Bref, un catalogue entier d’ustensiles censés révolutionnaires et géniaux et qui, au final, le font définitivement passer pour un crétin. A nouveau, Christian Binet manie dérision, cliché et caricature avec brio. Comme il le fait avec son crayon, dialogues et mises en scène grossissent le trait avec jubilation, mais sans pour autant nous éloigner vraiment de la réalité. Allez ! Avouez ! Vous vous êtes déjà retrouvés dans l’une ou l’autre de ces situations, non ? En tous cas, on s’amuse réellement, même si la redondance du thème suggère une lecture fractionnée. Le décorticage du thème fonctionne néanmoins de façon lumineuse (et hop, un dernier coup de poivrière pour conclure).