L'histoire :
Malgré (et grâce à) la crise, le capitalisme touche désormais à la quintessence de ses principes. Les puissances dirigeantes et la société occidentale dans sa globalité sont donc prêtes à appliquer leur ultime combat : nous autodétruire. Bilan tout azimut de cet instant charnière :
Retranché au sommet de son immeuble, le DRH d’une grande entreprise exerce du terrorisme patronal : si on ne supprime pas le SMIC, qu’on n’exonère pas les cadres dirigeants d’impôts et qu’on ne lui refile pas un yacht de luxe, il menace de licencier 10 salariés toutes les heures.
En visite dans une usine textile chinoise, des représentants de l’UE découvrent avec effroi une salle gigantesque où des centaines de femmes s’affairent sans broncher sur leurs machines à coudre. Le patron les rassure avec un discours écolo : à chaque fois qu’une ouvrière meurt d’épuisement, ses restes sont recyclés sous forme de compost 100% biologique.
A ces scènes banales de la vie courante, s’alternent 36 fiches pratiques, comme autant d’idées géniales et révolutionnaires pour vaincre la crise…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne va pas vous le cacher, mais en même temps, vous le savez sans doute déjà : en cette année 2010, c’est la crise. Au terme de sa « victoire » face à l’idéologie soviétique, le capitalisme occidental a lâché les brides de son système, sans véritable garde-fous. Le « libéralisme », que ça s’appelle : laissons faire le marché, puisque c’est la meilleur moyen de générer la prospérité. Mais ne serait-ce pas également le meilleur pour parvenir à l’autodestruction ? Laissons aux politiques et aux économistes le loisir de deviser et de s’alarmer sur le sujet. Dans ce recueil, Pluttark prend plutôt le parti d’exacerber dans le rire (jaune) les effets de cette période historique. De la plus cynique et désopilante des manières, il recueille deux types de « gags en 1 case » : d’une part, pleine planche, des scènes ordinaires de la vie économique et sociale, mais poussées à leur paroxysme, jusqu’à l’absurde. D’autre part, sous forme de fiches pratiques appelées 100 idées pour vaincre la crise (3 fiches par planche), des solutions pétries de mauvaise foi et exagérant la logique de nos lois et pratiques. Ici, l’entreprise est déifiée, le marketing est une philosophie, le quidam et le salarié sont des fusibles négligeables entièrement dévoués au système. Le dessin synthétique et schématique s’avère adapté à faire partager ces doux moments de bonheur libéral. Franchement, pas besoin « d’être de gauche » pour être bidonné : quelque soit votre tendance politique, la grande majorité de ces saynètes est inspirée et fait mouche. Osons le dire : grâce à l’outrance, on se met même parfois à comprendre l’absurdité fondamentale de nos pratiques. C’est méchant, c’est excessif, mais c’est génial !