L'histoire :
Grosse Harley pour monture, rat sympatoche (le fameux Piston) pour compagnon, chauve moustachu ventripotent (dit « Le Gros ») pour co-gérer le Sli Bar, leur club privé : Mammouth himself, crinière au vent et bouteille de vieux Jack à portée de gosier. Sa vie, c’est une franche rigolade, dans laquelle on dépanne la frangine qui manque de feeling avec les vitesses au réservoir (suffit de lui faire manier le levier comme le joujou de son mec… enfin presque !). Une partie de plaisir où l'on se fait un devoir d’être le Mozart du fast-food : le « Big Mammouth » avec la viande directement malaxée et aplatie à la main, le petit beignet qui va bien, avec le trou fait avec une partie du corps bien dure (surtout au réveil, le matin…). Bien sûr, il y a les coups durs. Les coups de grisou qui contraignent à aller voir un vieux copain mourant. Recueillir ses dernières paroles. L’entendre se confesser et avouer quelques bassesses qu’on connait déjà. La preuve : c’est pas pour rien qu’on a mis un truc franchement pas catholique dans son brouet… Et puis, enfin, dans une vie de Mammouth, il y a les filles : la Bunny qui sert au bar, aux tétons généreux ; la brune pulpeuse dont le mari est un super poteau… Il y a même celle qui s’imagine déjà une longue vie à deux. Pour elle, notre costaud sort le grand jeu : un truc costaud, bruyant, odorant, bien gras sous les draps, pendant que mademoiselle tente une gâterie. Ca marche à tous les coups : Mammouth reste célibataire un peu plus longtemps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Coyote se régale depuis près de 20 ans à nous balader dans l’univers des bikers, aussi à l’aise que vous l’êtes dans une paire de charentaises (on parle de chaussons et pas de sœurs jumelles ayant vues le jour du coté d’Angoulême… non mais !). Avec Litteul Kévin, la virée a pris rapidement des allures de succès, en partie grâce à sa ribambelle de protagonistes attachants, reléguant presque au second plan courbes dodues et chromes clinquants des grosses Harley. Pas du tout déconnecté de cet univers, Mammouth et Piston en présente une version trash, dans laquelle l’humour grassouillet est copieusement assumé. Pour faire la comparaison : si gauloiseries abondent dans l’univers du gamin à frange blonde, c’est ici de la sans-filtre au kilo. Du coup, les frileux du style auront encore plus de mal à supporter la kyrielle de jeux de mots gravos, les jurons emplissant les bulles, les poilus, joufflus, tétons dénudés et autres rockn’rolleries alcoolisées. Pourtant, ça fonctionne quand même. Pas toujours franchement drôle, un brin moins attachant (on sent moins dans ce rejeton là la tendresse et la sensibilité de l’artiste), mais décapant à bloc et osant tout haut ce que l’adulte lambda rentré dans le rang n’ose jamais. Au rythme de saynètes d’une à deux planches, les 3 tomes qui constituent cette intégrale nous présentent le célibataire idéal (à la sauce Coyote of course) : bonnes bouffes, cuites, gamineries et petite meuf à se coincer pour une brève roucoulade dans un coin du pieux. Sortie du cadre familial (et du garde fou salvateur de l’épouse présent dans Litteul), le pépère poilu se lâche carrément. Le coup de crayon est un régal (filiation Gotlib/Uderzo) : dynamique, amoureux du détail, expressif et impeccablement adapté au noir et blanc.