L'histoire :
Pochep, la cinquantaine, n’est plus le gay qu’il était. Il se rend compte, manifestement, que quelque chose a changé sur son corps. Il lui faut admettre qu’il est devenu une vieille peau. L’expression n’est pas exagérée, son corps, fidèle compagnon de beuverie, de baise et d’excès en tout genre, ne répond plus. Il laisse place à un spectacle désopilant de débâcle cutanée, d’un relâchement abdominal entraînant irrémédiablement un affaissement du buste, des bras et des jambes. Cet effondrement musculaire s’accompagne de douleurs quotidiennes, ainsi que d’une extension pileuse dorsale, suivi d’un effroi capillaire. Il est loin, le temps passé dans les soirées branchées gays ou il notait sévèrement le gabarit de ses semblables, la chevelure en place, jouant les difficiles et les dédaigneux. Aujourd’hui, la cruelle réalité se manifeste au quotidien, jugé, jaugé par ses semblables d’une cruelle notation, un naufrage inéluctable. Au détour d’un magasin, dans le reflet de la vitrine, il aperçoit un vieil homme à l’air triste et fatigué. Réalisant que ce reflet est le sien, il prend l’ultime décision de se rendre chez Boy Energizer, sport et fitness à donf…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le temps passe pour tout le monde. Pochep le sait car lui-même en ressent les affres physiques et esthétiques. Il le traduit à sa façon dans un récit humoristique original, dans lequel il pratique l’autodérision, se mettant en scène tel une Vieille peau. Il dresse son autoportrait de manière décomplexée et pleine d’humour. Les dégâts physiques causés par le temps qui passe y sont méticuleusement décortiqués. Ainsi, ce Pochep gay prend conscience d'un état délabré. Les années d’excès en tout genre l’ont mis dans cet état de ruine. Heureusement, l’espoir fait vivre et Pochep se prend en main et nous démontre que quand on veut, on peut. A l’aide d’un humour décapant, l'auteur idéalise une reprise en main censée le mener vers la rédemption physique et, accessoirement, vers la rencontre d'un jeune mâle pubescent ultra viril. Pochep use d’un dessin caricatural aux contours sarcastiques exagérés. Il ne se prive pas de se dessiner de façon hideuse, un autoportrait tellement délabré qu’il fait tout le sel de cet humour. En tout cas, on se marre à chaque page, le récit nous porte vers le destin du Pochep bien déterminé à continuer à vivre, malgré la décrépitude physique.