L'histoire :
Blond comme un œuf, fort comme un turc, rose comme la panthère, Cowboy Henk ressemble à s'y méprendre à un cousin éloigné de Tintin, à en juger par sa petite houppette blonde saillante. Mais éloigné, très éloigné, en fait. Vaniteux et fier, bisexuel au gré des circonstances, la vitalité de sa libido n'a d'égale que son goût pour l'action à tout-va. Avec lui, mieux vaut oublier ses méninges pour lui préférer une éthique du geste. Écervelé à la répartie obscène, il a le don pour se fourrer dans des situations graveleuses, délirantes ou étranges : une houppette transformée en pénis encapuchonné, une érection prise pour un aileron de requin, l'envie de se mettre à la mode en choppant un cancer... Au-delà du sexe, Cowboy vit sans cesse des aventures insensées : un Hitler trop grand pour sa porte, un mimétisme champêtre au milieu des vaches, des baguettes chinoises utilisées en gode, un coiffeur qui coupe les cheveux par correspondance... Cowboy n'a pas fini de nous surprendre dans cette vie licencieuse, à la logique retournée...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cowboy Henk est né en 1981 dans le journal belge Forward (De Morgen aujourd'hui). Icône de la culture flamande depuis plus de trente ans, ses aventures absurdes et surréalistes sont remises au goût du jour par l'impeccable éditeur Frémok : nouvelles couleurs, nouvelle traduction, Maurice (en français) ne pouvait rêver plus bel écrin. D'autant que l'étincelante ligne claire hergéenne de Herr Seele, inoffensive et enfantine, à mi-chemin entre l'hommage aux vieux comics et la peinture surréaliste, pourrait faire passer Cowboy pour un enfant de chœur. Ou presque... Voilà pour la forme. Pour le fond, le défi est plus délicat. Comment décrire les jeux verbaux d'un humour avant tout visuel ? Kamagurka se plait ici à varier les registres, de l'humour bête et méchant, du scato rehaussé d'ironie noire, du grotesque, de l'absurde et du potache en passant par le nonsense et la blague gentille. Un seul mot d'ordre : le rire toujours bien placé, pleine lucarne si possible... Ainsi Cowboy Henk, obsédé sexuel, beau gosse vaniteux, poseur taillé comme une armoire à glace et habité de pulsions incontrôlables, enfile-t-il les costumes (coiffeur, écrivain, journaliste, peintre) en épousant les contours du réel pour mieux les tordre à sa façon, au rythme de plus d'une centaine de gags-planches et d'une mécanique gaiement déréglée : il sauve un poisson de la noyade par un bouche-à-bouche, se fait allonger le pénis à cause d'une furieuse envie de... pisser ou se fait prescrire une ordonnance « Christophe Willem » pour soigner son priapisme... Loin de n'être que trash ou gratuitement stupides, les gags un peu fous de notre compère élaborent une esthétique surréaliste toujours plus étrange et intrigante à mesure que l'on s'y perd. Agréablement idiot, gentiment incongru, divinement drôle et défiant les limites du politiquement correct, Cowboy Henk réhabilite sans concession une forme d'humour belge réjouissant, croisement entre Pierre La Police et Magritte. Bref, foncez !