L'histoire :
Après des années d’épidémie, encore aucune solution n’a été trouvée, sinon l’anaromax, un médicament qui endort les sentiments. La France se divise en plusieurs idéologies, s’oppose et se déchire. Les femmes sont de plus en plus agressées, les hommes méfiants. Le MPLF (le Mouvement Pour La Foi) milite, lui, pour un retour aux valeurs, dénonce les femmes tentatrices et conteste ouvertement la politique du gouvernement en place, plutôt modéré. D’autres préfèrent s’isoler. Les « nobody » vivent chez eux en ermite et évitent ainsi tout contact humain. Mais le moment est venu des transformations politiques. Le Président de la République lui-même est touché par l’amorostasie. La campagne s’engage. Or une candidate surprend le paysage politique en place : la femme du Président. Elle ne propose pas la continuité, mais la rupture ! Mettre fin à la politique de lutte contre l’amorostasie qui instaure un climat de tension. « L’amour est un risque. La vie est un risque… Mais quoi qu’il advienne, il faut vivre ! » confie-t-elle à Olga, journaliste déjà séduite par ce discours. Parallèlement, Olga et Kiran apprennent à se connaître et retrouvent une vie « normale ». Cependant, leur récente popularité et les changements politiques vont faire osciller cet équilibre précaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Alors que le premier tome mettait en place l’univers, le second l’avait développé. Le troisième tome vient désormais l’ébranler. Cyril Bonin redonne un nouveau souffle à son histoire en s’attardant sur la dimension politique. Ce choix s’inscrit en cohérence avec l’engagement clair d’Olga dès le premier tome. L’auteur bouleverse ainsi astucieusement les équilibres : la France est en transition, le couple entre Olga et Kiran connaît également des tensions. C’est également l’occasion de disséminer des idées : une femme présidente, une certaine notion de la liberté, la place capitale de la culture pour créer du lien dans la société. On s’attristera néanmoins d’une vision assez binaire et caricaturale du paysage politique. On aurait préféré que l’album s’attarde un peu plus sur chacun des points de vue. Néanmoins, développer le basculement d’un extrême à l’autre, avec notamment la libération (presque excessive) de la parole et des actes, apporte de la subtilité au scénario. On continue pour autant de s’attacher au personnage d’Olga, avec ses doutes et ses sentiments. Le rapport à la popularité lié au personnage de Kiran est bien abordé. Le dessin est agréable et efficace et apporte au fil des trois albums une réelle unité graphique. L’absence de couleurs fait probablement écho aux sentiments retenus, censurés. C’est donc un album agréable à lire, qui a su se renouveler par rapport aux tomes précédents, même si la politique reste délicate à traiter dans une fiction.