L'histoire :
Dans le Paris romantique, Baudelaire traverse une vie de bohème où génie et extravagance se mêlent. Jeanne Duval s'est réinstallée dans son quotidien comme une Vénus noire énigmatique. Sa muse accompagne son écriture tout en arrondissant ses fins de mois. Tandis qu’elle fume un cigare et attend lascivement dans un fauteuil, Baudelaire, toujours endetté, écrit et pose ses vers, follement inspiré. Le temps presse. D'ailleurs, il doit filer à la blanchisserie où l'attend ses sapes propres, mais sans le sou. Sa vie est un ballet d’excentricités, où l’on croise un mouton, Boulevard Saint-Germain, affublé d'un boa rose et tenant en laisse un mouton teint en rose. Baudelaire s’efforce de convaincre l'éditeur Poulet-Malassis d’imprimer Les Fleurs du Mal. Après d’intenses discussions, ils concluent un tirage de 1 000 exemplaires pour 300 francs. Entre corrections minutieuses des épreuves et son exigence de perfection, le poète est persuadé que ce recueil marquera l’histoire. Mais ce quotidien, à mi-chemin entre éclat artistique et désordre financier, met en lumière un Baudelaire fragile et passionné, en quête d’absolu.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les Fleurs du Mal vont bientôt éclore… Baudelaire travaille d’arrache-pied, habité par le besoin viscéral d’extraire son inspiration de son âme tourmentée. À la fois bohème et excentrique, il écume les lieux de débauche, s’enivre, incarnant le « poète des tavernes » par excellence. Baudelaire ne s’arrête pas là : il pousse l’extravagance jusqu’à devenir un personnage unique, se teignant les cheveux en vert, se rasant la tête, ses sourcils, ou arborant des boucles d’oreilles. Tout cela alimente son art, tout comme la présence constante et magnétique de la Vénus noire, Jeanne Duval, sa muse omniprésente. Mais les paradis artificiels prennent peu à peu le dessus… L’œuvre flamboyante de Jean Teulé prend ici tout son sens, transposée avec fidélité par Dominique et Tino Gelli, qui captent à merveille l’énergie foisonnante et le style extravagant du roman. Les poèmes de Baudelaire, intégrés et illustrés dans l’album, rythment une narration dense et sombre, magnifiée par de superbes visuels. Tino Gelli signe des peintures saisissantes, tandis que Dominique Gelli assure un dessin d’une beauté captivante. Ce travail à quatre mains aboutit à une œuvre profondément immersive, dans la pure tradition « jeanteulesque ». Les Fleurs du Mal, œuvre fondatrice de la poésie française, trouve ici une adaptation vibrante et puissante, à mettre entre toutes les mains.