L'histoire :
Didier, artisan-boucher indépendant, est toujours aimable et avenant envers sa clientèle. Cependant, quand il n’y a personne dans la boutique et que sa femme Sandrine est allée faire des courses, il se déchaine dans le frigo de l’arrière-boutique, à coups de hachoirs, sur une carcasse de veau. « Crève, salaud ! ». Son fils Arthur le surprend dans cet état de rage. Didier se rattrape avec un « Crève saucisse » peu convaincant… En fait, depuis les dernières vacances en camping avec leur couple d’ami, Didier sait que sa femme le trompe avec son « ami » Eric. Et cet enfoiré vient boire son whisky et manger sa côte de bœuf le soir-même pour un repas-photos ! Régulièrement, Sandrine s’absente et retrouve Eric pour un petit coup dans une chambre d’hôtel… Didier le sait : il l’a suivie. Didier aime Sandrine et garde donc sa souffrance intérieurement, jouant celui qui ignore tout. Il aimerait pourtant que celle-ci retrouve la flamme de l’amour à son égard… et il cherche aussi à se venger. Il trouve la solution dans une des BD qu’il affectionne tant. En effet, dans un Gil Jourdan, un meurtre parfait a lieu sur le passage du Gois reliant l’île de Noirmoutier au continent. Didier échafaude alors un plan machiavélique et propose à ses amis des vacances à Noirmoutier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce one-shot, tragique et cocasse à la fois, sans autre prétention, Pascal Rabaté et Simon Hureau mettent en scène la minutieuse vengeance d’un cocu. Rabaté est d’ailleurs un as pour toujours parvenir être grave et léger à la fois. Le fond du récit détaille pourtant concrètement l’exécution d’un crime parfait… et les répliques, qui confinent souvent à la médiocrité ordinaire, ajoutent au grinçant des situations. Malgré ses velléités de meurtre, le personnage de Didier est pourtant attendrissant. Cet honnête père de famille, artisan, travailleur et affable, subit un des pires supplices qui soit pour son profil psychologique. Sa femme, qu’il aime, le fait cocu, sans lui dire, avec son meilleur ami. On partage donc sa souffrance silencieuse et on jubile lorsqu’il met à exécution son plan de froide vengeance, d’autant que le personnage d’Eric est détestable. Ses ambitions meurtrières se transmettent très agréablement au travers du dessin simple, limpide et lisible de Simon Hureau, qui fait lui aussi aimer ce personnage de cocu. Les auteurs en profitent également pour rendre un petit hommage à une série culte du 9ème art, Gil Jourdan de Maurice Tillieux, dont l’album La voiture immergée inspire au héros son plan de vengeance original.