L'histoire :
En 1912, à Coyoacan, banlieue de Mexico, la petite Frida escalade un arbre pour tenter de sauver un chaton coincé. Leurs regards se croisent, mais le chaton tombe de l'arbre. Frida appelle son père, juste en dessous, qui tente de prendre une photo. Lorsque son père ramasse l'animal, il lui confie que les chats ont plusieurs vies : Frida lui demande combien elle a de vies, elle aussi. Un an plus tard, la fillette tombe et se plaint de douleurs à la jambe. Elle est alors surnommée Frida jambe de bois par les enfants du quartier. En 1914, elle aide Matita à s'échapper de nuit, pour rejoindre son bien-aimé, avec qui elle veut fuir pour Veracruz. En 1919, alors qu'elle marche avec son père tout près de la Plaza de la Constitucion, celui-ci s'effondre, commence à convulser, à baver. Frida le prend dans ses bras : tous deux sont perçus comme des monstres par les autres gens. Petit à petit, Frida grandit. Elle s'engage dans le parti communiste. Elle a un grave accident de tramway qui va la paralyser. Mais surtout, elle va croiser la route de Diego Rivera. Qui sera à la fois la plus belle et la pire chose qui lui sera arrivée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Précédemment, Dominique Osuch a déjà signé la biographie dessinée de Niki de Saint-Phalle. Cette fois, elle s'intéresse à une autre figure artistique féminine reconnue : Frida Kahlo. Son image et ses œuvres ont été détournées à des fins marketing, qui ont complétement enlevé le sens de sa vie et de son travail. A travers cette bande dessinée, Osuch revient sur les différentes étapes qui ont jalonné la vie de Frida Kahlo, en laissant une place toute particulière à son histoire avec Diego Rivera. Lorsque débute l'album, cela peut être troublant, car il faut avoir un certain nombre d'éléments en tête sur la vie de Frida Kahlo pour comprendre les scénettes de vie de son enfance qui s'enchaînent. Sans ces références, le lecteur passe à côté d'une grande somme d'informations, qui ne sont pas données dans la bande dessinée. L'autrice s'intéresse néanmoins davantage à la relation passionnelle, tourmentée, que Diego Rivera et Frida Kahlo ont vécu. Pour chapitrer le récit, elle glisse des textes de l'artiste, des reproductions de tableaux, ou des allusions visuelles. Mais là encore, il faut avoir un certain nombre de codes en tête pour pouvoir interpréter. Toutefois, elle renoue avec la matérialité de l'art et de la peinture, à travers un dessin brut, se voulant réaliste, et en introduisant d'autres formes d'art, notamment la sculpture. Dominique Osuch dresse avant tout le portrait d'une femme, combative, inspirante, habitée par la douleur, dont il faudra connaître le parcours pour embrasser pleinement cette BD dans sa complexité.