L'histoire :
Japon, à la fin du temps des Shogun. Tsuda Setsuko, une petite fille de 7 ans, suit ses parents qui quittent leur village d’origine pour une ville portuaire en pleine expansion où la main d’œuvre est nécessaire. Son père, Katsuiro, un ancien samouraï devenu menuisier, mais piètre gestionnaire, a plongé la famille dans la pauvreté. Après un début de vie plutôt réussi à la ville, le sort s’acharne sur cette petite famille. Le père de famille est percuté par un tram et perd une jambe. Ce handicap va rendre sa recherche de travail impossible. Diminué et incapable de se décrocher du saké, l’ancien Samourai sombre peu à peu et la famille ne peut subvenir à ses besoins. Au fond du gouffre, il va vendre sa fille aînée à une maison de Geisha pour récupérer de l’argent. Dans le quartier des plaisirs, l’Okiya Tsushima, tenue d’une main de maître par l’Oka San Tsushima, va former la fillette à l’art des Geisha. L’apprentissage est semé d’embuche. Setsuko va devoir maîtriser le chant, la danse et acquérir de la prestance. Malgré son visage disgracieux et son air sauvage, Setsuko est douée pour le Shamisen, la guitare à trois cordes, son seul atout pour devenir une Geisha et éviter le sort de celles qui échouent : servante ou prostituée.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attention coup de cœur. Cet album nous plonge littéralement dans l’ambiance du Japon des années 20. On sent rapidement que le travail de recherche a été conséquent. L’ouvrage est extrêmement bien documenté sur l’art japonais et la tradition des Geishas. Christian Perrissin livre un récit dramatique où le personnage du père, un samouraï déchu, alcoolique et handicapé, vend sa fille pour subvenir aux besoins de sa famille, ce qui apporte une pointe de tragédie dans le récit. En contrepartie, cet aspect tragique est atténué par l’ambiance douce et gracieuse de l’Okiya et des Geishas. L’équilibre est bien trouvé. Le personnage principal est très touchant par le fait qu’elle n’a pas toutes les qualités pour devenir Geisha… Mais on a hâte de la voir évoluer et d’enfin connaître le destin de la petite Joji. Effectivement, le fait d’intégrer une maison de Geisha n’est pas le gage d’en devenir une. Les obstacles sont nombreux et l’échec se solde par une vie de servante ou de prostitution. Christian Durieux, dessinateur aux multiples styles, a choisi un trait réaliste sublimé par un noir et blanc parfaitement maîtrisé. Certaines planches sont magnifiques et la découpe des cases avec des cadrages différents et des zooms sur les visages sont extrêmement bien exécutés, ce qui apporte une grosse plus-value à la qualité globale de cet ouvrage. Une mention spéciale pour les très belles cases représentant les paysages sous la pluie. Espérons que la maison d’édition Futuropolis nous gratifie d’un tirage de tête grand format afin de mettre en valeur le très beau travail graphique de cet album.