L'histoire :
En 1910, un petit blondinet corse prénommé Ange vit au rythme de la vie pastorale avec un vieux berger et son troupeau de brebis dans les montagnes proches de la piève du Niolo. Il est un enfant trouvé qui vénère son père adoptif… mais ce dernier a conscience de la nécessité de scolariser le gamin désormais. Or une nuit, alors que l’enfant et son père se sont abrités dans leur bergerie pour dormir, les brebis s’affolent à l’extérieur. Le berger sort son fusil et touche à l’épaule un brigand qui tente de voler son bétail. Un second brigand poignarde mortellement par derrière le berger. Ange l’embroche à son tour avec une fourche, puis il s’enfuit. 10 ans plus tard, Ange est devenu un beau jeune homme, palefrenier au service de Philippe Maurizi, un planteur d’opium à Hanoï, en Indochine. Tel un parrain de la mafia corse, dont il est originaire, le respectable Mr Philippe organise le trafic d’opium en collaboration sous-jacente avec l’état Français. Il produit, il magouille, il organise aussi les fumeries et le proxénétisme… et il a bien besoin d’hommes de main aux méthodes de brigands pour cela. Il entreprend de former Ange, petit soldat discipliné, à ses méthodes de mafieux, malgré la protection de son épouse Anna, qui éduque Ange comme son fils – elle a perdu ses deux enfants lors de la guerre mondiale. Séduisant, obéissant, candide, un peu rustique, Ange possède bien des compétences insoupçonnées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Surprise ! Les éditions Futuropolis se lancent dans une série « de genre » classique en 6 tomes, une grande fresque mafieuse au puissant souffle épique digne du Parrain de FF Coppola, dont les 3 premiers paraîtront sur une année. Nous sommes présentés, à deux époques (1910 et 1920), au jeune héros corse, un ingénu à la beauté du diable, bien-prénommé « Ange ». Pour échapper à une vendetta, celui-ci est expatrié en Indochine, au service d’un homme d’affaire qui organise la production et le trafic d’opium pour le compte non officiel de l’état français – et bien d’autres activités mafieuses. Et oui, à cette époque, l’opium finançait les infrastructures de cette colonie, de manière non-officielle mais pragmatique. Et rien de tel qu’une famille corse, à la vitrine respectable, mais aux méthodes de brigands, pour s’occuper des sales besognes. Dans ce premier tome « d’exposition », le scénariste Loulou Dedola donne le ton en présentant les personnages, le contexte géopolitique particulièrement méconnu (car pour le moins honteux !) et surtout en insufflant d’emblée un fort souffle romanesque. La personnalité ambiguë d’Ange dérange et fascine : il est aussi beau et discipliné, que rustique et ingénu… et se révèle presque malgré lui terriblement efficace pour le crime organisé. Cette fresque mafieuse est documenté, à en croire la très jolie partition graphique de l’italien Luca Ferrara, aux encrages réalistes soignés. Philippe Francq (dessinateur de Largo Winch) a bien raison de couvrir d’éloges en préface les grandes qualités de cette nouvelle série naissante.