L'histoire :
Le 14 mai 1940, malgré l’occupation allemande, le coureur cycliste Sam Ancelin continue de faire ses entrainements au vélodrome d’hiver, qui est situé rue de Grenelle, à Paris. Il est sans doute le meilleur français dans la compétition de vitesse. Toutefois, ce jour-là, la rue est fermée et bouclée par les policiers. Le vel’d’hiv a été réquisitionné pour enfermer des centaines de femmes qui ont fui le nazisme. La mère d’Ancelin en vient presque aux mains pour qu’on la laisse passer : elle est une militante active… mais désespérée par les mesures du régime en place. Un ami gendarme, le brigadier-chef Grivet, parviendra à exfiltrer son amie Marianne. Quelques années auparavant, le vel’d’hiv était pourtant un haut-lieu du sport cycliste français. Les jours de compétition – dont les fameux « Six jours » – l’enceinte était pleine à craquer ! En 1935, Sam participait déjà à l’épreuve et le public le surnommait « l’écureuil ». Cette année-là, il avait pourtant chuté et s’était cassé la clavicule. L’année précédente, il avait été battu d’un boyau par l’allemand Richter, en finale de la coupe d’Europe de vitesse. Il avait gagné son maillot et avait confié ce « précieux » à son petit frère Eddie, infirme de naissance et journaliste en herbe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le tour de France option pic du midi (dans L’aigle sans orteil), puis un focus sur la mythique course Paris-Roubaix (dans Pain d’alouette), Christian Lax termine sa trilogie dédiée au vélo par un haut-lieu du cyclisme français : le Vélodrome d’hiver, plus célèbre sous son diminutif de « Vél’d’hiv ». Lax est un véritable amoureux des deux roues et il communique avec passion son hommage à ce sport. De fait, même si on n’est pas du tout intéressé par la pratique, l’album se révèle intéressant à suivre. Bien qu’étayée de compétitions, de résultats sportifs et de parenthèses techniques, l’intrigue s’entremêle de vibrantes problématiques familiales et historiques. Côté famille, les proches de Sam Ancelin, le héros, rassemblent des personnalités fortes, qui suscitent l’empathie. Le père est joueur, la mère engagée, le frangin joue de son handicap pour briller intellectuellement et Sam est tout simplement champion ! Côté Histoire, évidemment, le vél’d’hiv est aussi sordidement réputé pour avoir abrité les victimes de rafles durant le régime de Vichy. Lax s’empare du sujet, sans en faire de trop, laissant la famille Ancelin approcher la question sous ses aspects les plus graves et humains. Majoritairement rehaussé de teintes ocre et fades, le dessin se situe peut-être un ton en-deça de ses précédentes œuvres : somptueux d’équilibre sur certaines vues particulièrement travaillées ; plus irrégulier ou du moins « mécanique » sur d’autres rapidement exécutées. Mais on pinaille, franchement, car Lax demeure un tout grand du 9ème art. Notez que la première édition de cet opus se termine par un cahier d’illustrations inédites, que l’auteur commente en marge, afin d’apporter des précisions didactiques sur les lieux et les épreuves.