L'histoire :
En 1936, Antonin Artaud se lance dans un voyage qui le marquera à jamais. Sur le paquebot transatlantique qui doit l’emmener jusqu’à La Havane, il passe ses journées seul et ses nuits sont marquées par les crises d’angoisse. Arrivé à Cuba, l’artiste à la triste figure se met d’accord avec un journal local pour envoyer ses articles dès qu’il arrive au Mexique. Puis il erre dans la ville, les quartiers interlopes, et trouve finalement ce qu’il cherchait : de la drogue. Au bord de la plage, il se shoote sous les étoiles. Un sudaméricain hirsute et barbu l’interpelle. Ensemble, ils partent marcher dans le sable et discutent de destin et de sorcellerie. Puis l’étranger lui confie une dague forgée à Tolède, et disparaît comme il est venu. Huit ans plus tard, alors qu’il est interné en Hôpital psychiatrique à Rodez, Artaud ne peut plus se défaire des images qu’il a vues, qu’il a vécues au Mexique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Antonin Artaud est un des artistes majeurs du XXème siècle. Poète, acteur, réalisateur, dramaturge, metteur en scène de théâtre, essayiste, il a touché de tout avec passion et réussite. Image même du rêve et de la souffrance, on sait dès avant d’avoir ouvert ce one shot qu’on s’attaque à un monument. Un monument tourmenté, aérien, mais habité par ses passions et extrêmement exigeant. Et dès les premières pages, on est emporté dans une sorte de rêve étrange par le dessin de Zéphir, qui alterne au crayon les cases précises et sèches (le regard en biais d’Artaud interpellé sur le paquebot) et les cases floues, imprécises de souffrance et d’abandon du poète. Maximilien Le Roy, habitué des portraits de grands hommes (Thoreau, Nietzsche, Gauguin), nous montre lui aussi toutes ses facettes : l’homme en difficulté, malade face à sa dépendance à l’opium. Mais aussi le théoricien, plein d’assurance et d’érudition, en pleine conférence sur le surréalisme à la faculté ; et l’humaniste, aventurier, prêt à braver les dangers pour rencontrer un peuple qu’on veut acculturer. La rencontre de Leroy et Zephyr donne lieu à un roman graphique très épuré, puissant et avare de mots, sans narration. Leroy présente les situations par dialogues et livre des impressions d’Artaud pour accompagner le récit graphique de Zéphir. Le tout est sobre, onirique, juste beau.