L'histoire :
Depuis que Martin est revenu d’Abou Dhabi, il est de plus en plus souvent présent chez sa sœur Virginie. Mariée avec Hubert, maman d’un petit Sébastien qui fête aujourd’hui ses dix ans, elle l’a bien évidemment choisi pour être le parrain de son fils. Mais alors qu’ils installent les décorations dans le jardin de la maison, avant que la fête débute, le frère et la sœur sont observés par Hubert et son père, en train de se disputer. Toute la famille sait qu’ils ne sont pas d’accord sur le devenir de la maison qu’ils ont reçue en héritage à la mort de leur père. Virginie veut vendre, Martin veut conserver ce lieu empli de souvenirs. Mais cette dispute en cache une autre, plus profonde et plus complexe. Quelques jours plus tôt, ils se sont vus en cachette en haut d’une falaise en bord de mer. Virginie veut mettre un terme aux relations qu’ils entretiennent depuis des années, bien avant qu’ils deviennent des adultes pleinement responsables. Mais Martin ne la comprend pas. Pour lui, le lien qui l’unit à Virginie a toujours existé, il est irrépressible. Virginie et lui sont amants, et il veut que cela continue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Zidrou a décidé qu’il ne cesserait pas de nous étonner. Avec ce scénario parmi les plus surprenants de sa riche carrière, sur le fond en tout cas, il traite de la relation charnelle entre un frère et une sœur. C’est un enjeu d’écrivain que le scénariste relève ici, sur un sujet tabou et moralement condamné par la société. Doublé du défi de traduire en images dessinées les face-à-faces que l’auteur a imaginés, et qui traversent, le temps d’un album, quelques jours de l’existence des deux personnages. Chaque case joue alors un rôle très précis dans la tension qu’elle installe entre les protagonistes, tout comme dans le suspense autour du devenir des rapports entre Martin et Virginie. Benoit Springer et Séverine Lambour aux dessins et couleurs sont un choix évident, les deux illustrateurs ayant à cœur de décrire dans leur travail les rapports humains, leur complexité, leur réalité charnelle. Les deux impossibles amants ont des traits normaux mais une forte présence physique, une subtilité dans le dessin de Springer et Lambour qui ne saute pas aux yeux tant elle semble naturelle. A aucun moment la morale ne prend le dessus dans ce récit, les membres de la famille se chargeant parfois de représenter le point de vue du lecteur-spectateur, qui est laissé seul juge. Mais que l’on trouve un intérêt à ce récit hors norme ou que l’on soit rebuté par un sujet qui peut choquer, on reconnaîtra la maîtrise parfaite dont font preuve les auteurs. Sur une soixantaine de pages un peu rapides, mais bien emmenées par un scénariste qui est un des tout meilleurs utilisateurs du langage de la bande dessinée...