L'histoire :
Gustave Glarous est un personnage insignifiant et ridicule. Myope au dernier degré, il n'a aucun talent mais il ne le sait pas. Il a un rêve : fonder une méga-corporation de vente de fruits et légumes. Mais il n'en a évidemment pas les moyens, c'est un raté. Son fils Steve le sait bien : lui rêve d'une mobylette comme celle que chevauche Bénédicte, la coursière. Gustave est certain que la chance a enfin tourné. Il a trouvé une boutique toute délabrée au milieu des terrains vagues, à coté de l'usine. Il imagine les panneaux publicitaires qui annoncent : « Glarous, père et fils, les empereurs du fruit et du légume ». Il le voit même au travers des lunettes qu'il a trouvé au fond d'une caisse, dans l'arrière-boutique. Elles vont avec un orgue de barbarie. De manière incroyable, le hasard fait alors s'arrêter, dans la boutique de Gustave, le Truand, le chef d'une bande de malfrats qui se déplace en fauteuil roulant. Il se rend bien compte que ces lunettes ont transformé Gustave et lui font voir la vie plus belle qu'elle n'est. Pourraient-elles lui rendre le même service ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'imagination de Nicolas de Crécy et Raphael Meltz nous entraîne dans un conte moderne extraordinaire. Ce livre n'est en aucun cas une bande dessinée, c'est le scénario d'un film d'animation en projet. Un peu comme Sylvain Chomet avec ses Triplettes de Belleville, les auteurs nous plongent ici dans un univers décalé, en marge de notre monde. Tout est presque normal, gris comme la vie d'un homme de la rue mais la poésie et l'imprévu surgissent soudain et transfigurent le monde. Ici, le vecteur de cette transformation est l'orgue de Barbarie : une machine à rêver qui les plonge dans une réalité virtuelle. Mais son usage immodéré n'est pas sans danger. Comme un Lotophage, on peut se perdre dans son monde onirique. Les personnages ne sont pas uniquement comiques. En effet, leur absence totale de discernement et de conscience de la réalité leur donne un caractère tragique. Bref, cette histoire est vraiment réussie et la perspective d'une version cinématographique est très alléchante. Espérons que les financements suivront...