L'histoire :
Lorsque nous pensons à la justice, nous l'associons souvent à des symboles : celui de l'impartialité, symbolisé par la balance ; et celui de la sanction, de la puissance, symbolisés par le glaive. Mais au-delà de ces représentations, la justice, c'est avant tout des travailleurs, des gens engagés dans leur métier. C'est une pluralité de missions, que l'on ne soupçonne pas forcément, et une réalité bien loin de celle qui nous est montrée dans les films. Pour tenter de retranscrire cette réalité, Jean-Luc Loyer et Xavier Bétaucourt se sont lancés dans une enquête documentaire, au sein du palais de justice d'Angoulême. Ils ont ainsi pu découvrir le quotidien des nombreuses « fourmis de la justice » : greffiers, jurés, prévenus, magistrats, juges, etc. Ils découvrent comment se mène une procédure judiciaire, quel est le rôle de chacun, mais aussi les différentes salles du palais de justice (salle d'audience, archives, salle des pièces à conviction...). Les résultats de cette enquête montrent une dure réalité, partagée entre les lourdeurs administratives, la pénibilité du travail et les coupes budgétaires. Pénétrez au cœur du système judiciaire français...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une certaine aura plane au-dessus des métiers de la justice. Nous y associons souvent nos propres représentations et symboles, souvent idéalisées par la fiction. Pourtant, la réalité de terrain est tout autre, bien moins glamour que nous pouvons le penser. Après avoir mené une enquête, il y a quelques années de cela, autour d'un centre commercial dans le Pas-de-Calais, et en avoir relaté les résultats à travers l'album Le grand A, Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer réitèrent l'expérience sur un autre sujet. Cette fois, ils s'intéressent aux dessous du palais de justice d'Angoulême (cette ville n'étant pas étrangère à Jean-Luc Loyer, qui s'y est installé). Pendant un an, ils ont arpenté les différentes salles de ce bâtiment imposant, ont échangé avec les employés des différents corps de métier. Ils ont tenté de comprendre le rôle et les missions de chacun, de s'intégrer dans leur quotidien et de le retranscrire au lecteur de la façon la plus fidèle possible. Il n'est pas nécessaire d'avoir de quelconques connaissances sur ce milieu pour lire cette bande dessinée documentaire. Cependant, les termes employés sont toujours très techniques (bien qu'explicités en début d'ouvrage, et au cours de l'enquête), et le récit axé essentiellement autour du monde du travail. L'enquête permet aux plus novices d'entre nous de saisir le déroulé d'une procédure judiciaire, et de voir que, finalement, même dans un lieu cristallisant des symboles forts, la justice reste une administration publique, qui connaît des coupes budgétaires drastiques, des conditions de travail parfois précaires, une quantité de dossiers trop importante pour qu'ils soient traités dans les temps, et quelques aberrations, parfois cocasses, qui font aussi le sel du métier. Nous arpenterons avec eux différents lieux d'Angoulême qui parleront aux locaux et aux bédéphiles qui visitent annuellement la capitale charentaise (galerie du Champ de Mars, maison d'arrêt, hôtel de ville). Toutefois, dans cet album, les auteurs restent en retrait. Leurs personnages sont visibles, mais ils ne s'expriment pas. Un moyen de laisser une plus grande place aux "fourmis" de la justice, mais qui aurait pu donner plus de rythme à l'album, en rappelant leur démarche d'enquête.