L'histoire :
Raoul Cérusier, courtier en publicité, vient déposer une demande de permis. Mais les employés du service ne veulent pas lui accorder car il ne ressemble pas à ses photos d’identité. Croyant à une mauvaise blague, il préfère vérifier par lui même. Un vague reflet dans une vitrine lui apprend qu’il a réellement changé de visage, comme par magie. Il a gagné en jeunesse et en séduction, les femmes lui portent des regards intéressés. Le revers de la médaille, c’est qu’aucun de ses proches ne le reconnaît. Ce soir, il ne pourra pas embrasser sa femme Renée et ses enfants, car s’il leur expliquait son changement d’apparence, il passerait pour un fou. Cruelle destinée… Heureusement, sa voix, son écriture, sa façon de penser sont restés les mêmes. Il décide de faire croire à sa femme que Raoul Cérusier est parti en voyage d’affaires à Bucarest. Il retire ensuite une grosse somme d’argent, change d’identité et se fait appeler désormais Roland Colbert. Parce qu’il veut reconquérir son épouse, il choisit de s’installer juste au-dessus de l’appartement de la famille Cérusier. Son ancien appartement ! Mais un soir, il recroise la Sarrazine et son charme envoûtant. Avant, elle ne le regardait pas, mais aujourd’hui, elle n’a d’yeux que pour lui. Roland/Raoul se retrouve face à un choix cornélien que cette « belle image » lui offre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les Contes du chat perché, Uranus, la Vouivre, la Jument verte sont autant de romans qui font partie du panthéon de la littérature française signé Marcel Aymé. Mais jusqu’à présent, seul le premier cité avait eu les honneurs d’une tranposition BD chez Gallimard. Paru en 1941, La belle image est un ouvrage peu connu – à tort – de la bibliographie d’Aymé. Cette adaptation est un vieux rêve pour Cyril Bonnin : « Lorsque je l’ai découvert il y a une quinzaine d’années, j’ai été fasciné par ce récit, son thème et la qualité d’écriture de Marcel Aymé. Il s’agit d’une histoire qui a pour cadre la France des années 50 et qui fait intervenir le fantastique dans le quotidien, permettant ainsi une réflexion sur l’apparence et son interaction avec la personnalité des individus. Bien que l’action se situe dans le passé, les préoccupations du héros de Marcel Aymé sont tout à fait contemporaines ». Le résultat est tout simplement extraordinaire. Ici, l’auteur se recentre sur la trame pour en tirer la substantifique moëlle et réduit l’importance de certains personnages secondaires. Fidèle au texte initial, Bonnin ajoute quand même sa pâte personnelle. L’histoire gagne ainsi en fluidité et en vitesse. Son trait – légèrement plus classique qu’à l’accoutumée – reste toujours aussi élégant, baignant entre passé et modernité, totalement adapté à cette adaptation. Ses couleurs sont toujours aussi somptueuses, oscillant entre le vert, le bleu et le chocolat. Avec La Belle image, Bonnin figure définitivement parmi les meilleurs auteurs du moment. A lire absolument.