L'histoire :
Au Cambodge, un jeune garçon, moine novice, mène une vie traditionnelle rythmée par des rituels : pérégrinations quotidiennes, rencontres… Il croise en particulier une écolière et son petit frère, qui vont suivre leur journée de classe, puis sur le chemin du retour, il croise un camarade. Ceux-ci croisent à leur tour un paysan. Tous sont reliés par la poursuite d'un papillon, qui est au début un vrai insecte, puis se transforme en merveilleux cerf-volant, convoité par tous. Le papillon meurt, emporté pour être mangé par un des très nombreux oiseaux noirs qui se sont soudainement abattus sur le village. En France, dans un quartier de Cité, Manu sympathise avec une jeune écolière de son âge, Aline. Elle est cambodgienne et accompagnée d'un petit frère mutique, affublé d'un masque traditionnel effrayant. Elle dessine aussi des papillons… Cependant, il semble que seul Manu puisse voir Aline, qui s'avère être aussi sa voisine. Un jour, Aline disparaît et Manu part à sa recherche. Il se retrouve mystérieusement dans un Cambodge dévasté et désert. Manu erre dans la ville détruite, se perd dans la jungle. Se retrouvant drapé dans la tenue du petit moine, il finit par rencontrer un enfant soldat qui le malmène au travers de rizières remplies de sang pour finalement l'amener à l'école, détruite elle aussi. Derrière les traits du petit soldat, se cache le camarade de classe de l'écolière cambodgienne. Il pleure lui aussi sa camarade, qui a disparu dans le conflit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En deux parties qui finissent par se rejoindre de bien tragique manière, Freddy Nadolny Poustochkine raconte un monde vu par les enfants, où peu d'adultes interviennent. Ce monde est bouleversé par des évènements mystérieux, qui ne sont jamais expliqués et à propos desquels seul le lecteur déduit qu'il s'agit de la prise du pouvoir par les Khmers Rouges et des massacres qui ont été perpétrés. Ce faisant, l'auteur met en parallèle l'insouciance enfantine des petits cambodgiens et des petits français, et leur peine immense devant la brusque disparation de leur amie, incompréhensible pour eux. Il raconte comment le quotidien et les simples projets des enfants sont brusquement terrassés. Et c'est plus leurs sentiments qu'il retranscrit, plutôt que la réalité des faits : tristesse, incompréhension, solitude. Graphiquement, il n'hésite pas à recourir au mode onirique pour brouiller les repères de temps et d'espace et nous faire toucher du doigt une atmosphère de perte de repères, complètement cauchemardesque. Bouleversant…