L'histoire :
Dans la salle d’attente de son éditeur, Futuropolis, Greg, auteur de BD, se met à rêver… Il imagine Sébastien, son directeur éditorial, lui annoncer que son dernier album fait un carton. Hélas, une fois devant son bureau, Sébastien lui annonce des chiffres plus que médiocres. Il accepte néanmoins de continuer à le soutenir, comme il l’a toujours fait, mais à condition que Greg accepte un travail de commande pour satisfaire à la nouvelle collection dédiée aux comics. Greg va ainsi devoir faire du super-héros, mais avec la contrainte de « renouveler le genre », d’apporter « un regard neuf ». Evidemment, le contrat est trop confortable pour se permettre de renoncer. Mais une fois chez lui, Greg rame un peu pour trouver l’inspiration. Ni son pote Malik, conférencier en astrophysique, ni sa famille ne lui sont d’une grande aide pour amorcer le projet. C’est finalement un bête papillon de nuit et la célèbre réplique de Mohamed Ali, « Je vole comme un papillon et pique comme l’abeille » qui lui insuffle l’étincelle : butterflywoman ! Une femme de ménage noire se retrouve accidentellement bombardée d’électrons dans un labo de physique ; elle endosse alors le rôle de super-justicière, défend les victimes de viol et devient une scientifique de haut vol ; son talon d’Achille : elle a besoin de sniffer des kilos de pollen chaque nuit. Greg se met au boulot, des mois durant. L’éditeur est séduit, au point de confectionner une figurine à l’échelle 1:1 pour la promo. C’est à ce moment qu’un phénomène incroyable se produit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence comme une autofiction : Gregory Mardon se met lui-même en scène dans ses déboires d’auteur looser compressé par un milieu éditorial compliqué, celui du 9ème art. Les lecteurs découvrent ainsi, amusés, les arcanes de Futuropolis, son directeur éditorial Sébastien, son attachée de presse Anne-Gaëlle… et son besoin de renouveler le registre des super-héros comics. Cette volonté de s’emparer du genre afin de séduire un nouveau lectorat sera astucieusement le point de départ en mise en abyme de la création de la Femme Papillon, alias Butterflywoman. Après tout, Stan Lee a bien inventé l’homme araignée, avec l’incommensurable succès qu’on lui connait. Cette super-héroïne à la française joue évidemment à la justicière la nuit et elle réclame un apport régulier de pollen. Evidemment, une fois cette base parodique posée, il fallait un rebondissement, qui puisse plus appartenir au registre de la chronique sociale, chère à l’œuvre de Greg Mardon, qu’à celui de l’action bourrine à grands renforts d’effets spéciaux. Tel Pinocchio se révélant à Gepetto, par un obscur phénomène astro-métaphysique, notre super-héroïne prend ainsi corps au sein du quotidien de Greg, et elle est bien telle qu’il l’a créée. A partir de ce moment, les bonnes idées de départ ont tendance à patiner un peu et à trainer en longueur. On a le sentiment que le scénariste Michel Coulon ne savait finalement plus trop comment faire rebondir son histoire et la conclure. On sent aussi que le scénariste n’a pas voulu trop forcer sur la satire d’une profession difficile, entre boulot alimentaire, quête permanente d’inspiration et auto-satisfaction artistique. Nonobstant, la narration propre aux œuvres de Mardon est toujours pleinement immersive et efficiente. Bien que rapide, son dessin caricatural souvent très juste participe lui aussi d’un bon moment de lecture.
