L'histoire :
Dans sa très belle voiture américaine et ses vêtements soignés, Rafaël va retrouver la ferme de son enfance perdue en Finlande. Là-bas, sous un tas de fumier qu'il retourne avec vigueur, il va récupérer trois lingots d'or qu'il a planqués après un casse réussi quelques années plus tôt. Son objectif est simple : se faire oublier quelque temps, notamment de ses anciens complices qui vont sortir de prison, pour profiter à terme de son magot et se la couler douce. Lorsqu'il prend la direction du Nord vers la Laponie, il n'imagine pas que sa route va croiser celle du major Gabriel Remes, un militaire finlandais devenu un véritable ivrogne, et dont la hiérarchie vient d'accepter avec joie la demande d'une année sabbatique. Remes se dirige vers le grand Nord et une vaste cabane de bûcherons que ses collègues gardes-forestiers lui prêtent de bon cœur. Lorsqu'ils se rencontrent, alors que Rafaël dort sous une tente avec son or bien caché dans un sac à dos, ils se mentent délibérément sur leur raison d'être là. Le gangster prétend qu'il vient dans le grand Nord étudier les lichens et les traces de mammifères ; tandis que le militaire se dit chercheur d'or. Ils vont pourtant trouver un intérêt à s'installer ensemble dans la cabane désaffectée, qu'ils vont retaper. Les deux hommes apprennent à se connaître au delà de leur méfiance réciproque, et vont bientôt faire une nouvelle rencontre très inattendue...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicolas Dumontheil se lance dans un exercice peu simple en adaptant un roman qui met en scène trois personnages très riches, dont les histoires personnelles sont chacune très denses. Pour fournir au lecteur tous les éléments du contexte qui a amené Rafaël à s'isoler dans une cabane perdue en Laponie, il utilise abondamment les descriptifs en haut de case, ce qui donne à son récit un petit côté décalé, voire désuet. Il impose ainsi une forme de recul qui permet au lecteur d'apprécier les situations souvent burlesques dans lesquelles le personnage et ses compagnons s'enferrent. Son dessin qui semble s'inspirer des Pieds Nickelés de Louis Forton colle plutôt bien à l'aventure rocambolesque que les trois acolytes vont vivre en marge du monde moderne. L'auteur impose son propre ton aux péripéties concoctées par Arto Paasilinna, ce qui donne une histoire presque trépidante qui va de surprise en surprise, sans jamais reprendre son souffle. L'album parvient, cela dit, difficilement à approfondir les relations notamment entre Rafaël et le major Remes, le temps consacré au huis clos entre les deux protagonistes étant plutôt réduit. Il reste néanmoins tout l'absurde de ce récit décalé, qui voit se rencontrer des personnages improbables, et se développer autour d'eux une sorte d'univers hors du temps qui leur est propre.