L'histoire :
Paul est le fruit de deux philosophies contradictoires. Raoul, son père, inventeur de génie non reconnu, a lancé la petite famille à corps perdu dans les méandres de ses découvertes. A l’opposé, Marie sa mère, cartésienne, rigoureuse, anticipe le malheur de peur d’être prise au dépourvu face à lui. La famille Siegelman se lance ainsi dans le nouveau projet de Raoul : le camping caravaning. Ce nouveau concept importé des Etat Unis fera leur fortune, c'est certain. De son côté, Marie est plus prudente, car ses placards regorgent de produits importés des Etats Unis et qui ne sont que des échecs. Comme prévu, les ventes de la caravane « La Neuville » sont un échec. Raoul décide de partir au fond de la Sierra Nevada pour prouver la fiabilité de son matériel. C’est durant ce long périple que Paul s’aperçoit que ses parents arrivent encore à se surprendre. Entre autre, il n’aurait jamais dû être fils unique. Effectivement, un soir, la tristesse plane au-dessus du repas. Raoul s’éloigne et son regard se perd à l’horizon. C’est à ce moment que Paul apprend qu’il aurait dû avoir un frère, mais qu'il fut mort-né. De retour en France, Raoul abandonne la vente de caravanes pour se lancer dans la production de musique. Puis dans la vente de tondeuses autoportées et son business tourne très bien. Une certaine harmonie entoure la famille Siegelman, jusqu’au décès de Marie dans un accident de voiture. C’est à ce moment que tout dérape...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vie me fait peur est une très belle adaptation du roman éponyme de Jean-Paul Dubois. Il est peu évident de « condenser » un roman dans une bande dessinée, même de 80 planches. Didier Tronchet réalise un fabuleux travail afin d’extraire la substance du roman et la retranscrire au 9ème art. Le récit se focalise sur le personnage de Paul depuis son enfance jusqu’à l’heure du bilan. Une phrase de l’album résume très bien la première partie de sa vie : « C’est ainsi que j’ai grandi, dans cette atmosphère de cabaret entretenue par un illusionniste inconstant et sa partenaire bienveillante ». Le couple Raoul et Marie est en parfait équilibre. D’ailleurs jusqu’au décès accidentel de Marie, Raoul n’a qu’une idée en tête : surprendre et épater sa femme. La perte de cette dernière est un tournant tragique pour les deux hommes de la famille. Le récit est très fort et prenant, oscillant entre manipulation, tragédie et joie. De nombreux thèmes sont abordés comme l’échec, les relations père / fils, la perte d’un être cher ou encore la recherche du bonheur et de sa propre vocation. D’un point de vue artistique, Christian Durieux joue les magiciens. Dans un style réaliste, le dessinateur va à l’essentiel sans se noyer dans le détail, ce sont les émotions des personnages qui importent. Le dessin accompagne très justement le récit qui est déjà très fort. Ainsi, les auteurs nous livrent une histoire complète avec un album de grande qualité qui pousse le lecteur à se questionner – ou du moins ne le laissera pas indifférent.
