L'histoire :
31, 42, 37, 27, 54 ans… Qu’ils soient chef d’entreprise, étudiant en histoire, dessinateur ou agent commercial, tous ont quelque chose à dire, tous sont prêts à livrer un pan intime de leur vie… Et pour les connaître, ou mieux se connaître, pourquoi ne pas les torturer en les conduisant sur le chemin escarpé de leur vie sentimentale. En quelques mots, sous prétexte d’en faire une BD. Tiens, voyons Massimo se dépêtrer dans ses confidences : plus doué pour choisir les bananes que pour tenter de reconquérir une ex-fiancée. Il enchaîne les phrases de manière froide et informelle alors qu’il ne souhaite qu’une chose : la parcourir à nouveau, la sentir contre lui… Elle prend des nouvelles, claque une bise et adieu. Il jette un dernier regard sur ses petites fesses moulées par la robe en soie… Regardez, Romain le poète qui ne s’explique pas pourquoi Francesca, lors de leur rupture, une magnifique gifle lui asséna. Pourtant, quoi de plus naturel que de lui réclamer une de ses petites culottes, pour pouvoir emporter… un peu de son odeur. Normal non ? Enfin, écoutons Armand nous décrire sa déception, lorsqu’enfin parvenu à poser ses lèvres sur ce sein tant convoité, il dut renoncer à ses rêves d’enfant : pensez ! Convaincu de la saveur exquise et parfumée du moindre téton, il se voyait déjà en synthétiser le gout pour donner au monde entier le bonheur de s’offrir une double glace vanille-mamelon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le moins que l’on puisse dire c’est que les deux auteurs ont l’air d’en connaître un rayon. Ils ont du en effet s’adonner longtemps au sport favori de tout mec normalement constitué (œsophage souple pour la bière, œil hyper mobile pour mater sans être vu, mauvaise foi congénitale, hyper nombrilisme à tendance hypocondriaque…) : discourir entre gentlemen civilisés pour faire l’implacable constat de l’abyssale gouffre existant entre psychologie féminine et perception mâle. Par petits coups de pinceaux (des petites mines pour esquisses, au regard du trait haché mais plutôt sensible de Sébastien Vassant), les deux compères retrouvent ainsi le cadre intime de la pseudo-confession, pour jeter à travers la quinzaine d’anecdotes présentes un regard multi-émotions (la mobilité de l’œil… essentielle, la mobilité de l’œil !) sur l’amour au masculin. Du cliché qui veut que l’homme ait un sexe à la place du cerveau (ah bon, c’est un cliché ça ?) en passant par la poésie, la tendresse, la maladresse ou le romantisme inattendu, la conclusion est implacable : l’homme est un enfant (et le couplet sur la femme qui est en fait sa mère… et Œdipe et tout ça, monsieur chroniqueur Psycho à deux balles, il en parle pas ?). Quelques 180 pages sympathiques qui, sans révolutionner le genre, sonnent justes et livrent de manière diversifiée un plaisant reflet de notre petit miroir.