L'histoire :
Dimanche 20 avril 2014. Le vol Air France en provenance de Marseille atterrit à Istanbul. Varoujan, arménien de souche, et sa femme Brigitte, foulent pour la première fois le sol turc. Quelques jours auparavant, à Marseille, Varou annonce à ses amis du bar du viaduc son proche départ pour la Turquie. A 54 ans, il a décidé d’aller à la rencontre de la terre de ses ancêtres et présentera à Diyarbakir, pour l’occasion, une exposition de portraits de survivants du génocide. Arrivés à Marseille en 1923, avec la mention « sans retour possible », ils se feront peu à peu une place jusqu’à fonder les quartiers Saint-Antoine et Saint Jérôme de la cité phocéenne. Parmi eux se trouvait Sahak Artin, dont le fils Garbis fondera en 1997 le centre Aram pour la préservation de la Mémoire et de la culture arménienne. Depuis, Christian Varoujan, le fils de Garbis, a pris la relève pour la conservation de milliers de documents historiques et récits de survivants. Au moment de passer le contrôle turc, ses angoisses s’envolent au sujet de l’éventuel fichage dont il aurait fait l’objet pour ses activités militantes. Diyarbakir, dans le sud-est du pays, est la capitale des turques de Turquie. Le couple sillonne la ville à la découverte des traces arméniennes qui subsistent çà et là…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Reportage de Laure Marchand, Guillaume Perrier et Thomas Azuelos, Le Fantôme Arménien est le témoignage réel du périple d’un couple à travers la Turquie. Varoujan, d’origine arménienne, soutenu par sa femme Brigitte, décide d’aller à la rencontre de ses racines, dans les lieux où, il y a 99 ans, des milliers d’arméniens ont été massacrés par des policiers et miliciens turques. La posture du gouvernement depuis lors est de nier l’évidence en refusant de reconnaître le génocide, réduisant méthodiquement au silence, si nécessaire, les activistes qui dérangent, jusque récemment… Les quelques mots parfois officiellement lâchés pour apaiser les tensions aux sujet de ce silence coupable (et, à force, stupide) n’apportent que plus d’incompréhension des deux côtés et bien sûr ne satisfont aucun d’eux. Le dessin de Thomas Azuelos, tour à tour chaotique, abstrait ou symbolique, transmet bien le malaise qui règne autour de cet holocauste « oublié ». Ce n’est pas très beau, c’est vrai, un peu comme la posture des gens sur le sujet. Qui se soucie aujourd’hui d’entretenir le souvenir des victimes et de leurs familles à part les descendants arméniens ? Qui met la pression à la Turquie pour que cesse ce silence insupportable pour les descendants ? Une faute, si elle est reconnue, est toujours au moins en partie pardonnée. Cet album est là pour le rappeler et souligner au passage que le chemin sera encore long avec les responsables turques.