parution 05 mars 2009  éditeur Futuropolis  Public ado / adulte  Mots clés Roman graphique / Western

Le suédois

Dans un hôtel perdu du Nebraska, trois étrangers dont un suédois laissent s'installer un étrange climat de tensions. Adaptation de Blue Hôtel, une nouvelle de Stephen Crane : magnifiquement imbitable.


Le suédois, bd chez Futuropolis de Gaultier
  • Notre note Grey Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Grey Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Futuropolis édition 2009

L'histoire :

Nebraska, 1898. Dans l’obscurité brumeuse d’un hiver rigoureux, trois passagers débarquent d’un train et pénètrent dans l’uniquement habitation se trouvant aux abords de la voie de chemin de fer, un hôtel bleu. L’aubergiste les accueille et leur propose de se réchauffer, puis de dîner. Comme en état de qui-vive permanent, les trois hommes se toisent respectueusement, en silence. Le fils de l’aubergiste apporte la soupe ; les voyageurs patibulaires dînent sans trop parler. Au moment de la digestion, ils abordent vaguement le sujet de la météo, avant d’enfin « rompre la glace ». L’un, cow-boy, doit rejoindre un ranch dans le Wyoming. L’autre fait une étape pour rendre visite à un parent dans le Wisconsin. Le troisième, un suédois du nom de Svante Jønasson, refuse effrontément de causer des motivations de son voyage. Etrangement, il refuse également de se séparer de sa valise. Ils passent tous trois dans la pièce attenante, pour partager un peu de whisky et disputer une partie de half-five (un jeu de carte). Le suédois décide de ne pas participer et laisse les deux étrangers jouer en compagnie de Nathaniel, le fils de l’aubergiste et d’un fermier local, Ned. Une tension inhérente au principe du jeu s’installe. Puis, lorsque Ned quitte la table, irrité par sa déroute, le suédois le remplace…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Il a décidément de drôles d’envies, ce Christophe Gaultier. Dans le registre hermétique, il a choisi aujourd’hui d’adapter la nouvelle de Stephen Crane, Blue Hôtel, en un roman graphique quelque peu baroque. L’ambiance, oppressante, en huis clos, est celle des saloons dans les westerns, au sein desquels on joue au poker ou on se liquide sans état d’âme. Tout au long des 94 planches du récit, on s’attend effectivement à ce qu’un protagoniste, le suédois en tête, laisse à tout moment éclater sa sauvagerie. Mais c’est bien là l’unique intérêt de l’histoire : si vous cherchez des réponses, il vous faudra les imaginer très fort. Quelle logique attribuer à la démarche/présence du suédois ? Sa nationalité confère-t-elle un sens particulier au récit ? Sommes nous face à un ersatz loupé de l’Etranger de Camus ? Quelles sont les origines des tensions latentes ? Est-ce la nouvelle de Stephen Crane qui est hermétique ou son adaptation qui se révèle étanche au possible ? Les protagonistes agissent souvent de manière brusque et inattendue et ce n’est pas le dessin torturé de Gaultier qui va vous aider à cerner leurs justes états d’esprit. Ils montrent leurs dents, ils se regardent en chien de faïence, ils tirent des trombines de méchants, grrr… Sans doute la méthode de travail de l’auteur produit-elle aussi un résultat quelque peu aléatoire : une fois le récit établi, ce dernier dessine d’un trait son livre, afin de garder tout le plaisir du dessin… Le plaisir de l’auteur commence t-il là où s’arrête celui du lecteur ? D’autres ont depuis longtemps trouvé une juste synthèse. Cet ouvrage se résume donc à un travail d’ambiance, une pesanteur démente et tourmentée au possible. La mort et le chaos planent en permanence, comme un aboutissement désiré par ledit suédois. Or, une ambiance glauque et un aliéné imprévisible ne suffisent pas à faire une bonne histoire…

voir la fiche officielle ISBN 9782754802222