L'histoire :
Une caissière de supermarché plus très jeune a tendance à passer les articles au code barre un peu plus lentement que ses collègues. La direction convoque l'intéressée pour lui reprocher une simple conversation avec son amoureux sur le temps de travail, et en faire un prétexte pour la licencier. Mais l'entretien tourne mal et Martine se tue en tombant sur une table en verre. L'affaire serait simple à classer avec de bons avocats, mais le petit ami de Martine va aller trouver ses enfants, qui ne sont pas tout à fait comme les autres. En effet, depuis la privatisation de la reproduction humaine, les mamans enceintes peuvent choisir quels gènes ajouter à leurs futurs bébés pour les rendre plus forts. Martine a ainsi donné la vie à quatre enfants-loups, qui ont grandi élevés par leur voisine et sont devenus des criminels braqueurs de fourgons blindés. Ils décident de venger leur maman en prenant la vie de l'employé de la société de surveillance qui l'avait filmée. Ils veulent le tuer et le manger, car c'est ce que font les loups. Mais en débarquant chez lui, ils tombent sur sa femme, Marianne, qui se défend de manière surprenante en se déplaçant à une vitesse phénoménale. Visiblement, la jeune femme a des gènes animaux elle aussi, et Jean a pris la fuite avant qu'ils puissent s'en emparer. Va débuter alors une courte-poursuite entre quatre hommes-loups et une femme qu'ils retiennent en otage mais qui les fascine, et un jeune agent de sécurité que son employeur va vouloir utiliser pour restaurer sa réputation. En le confiant à une jeune femme brillante, qui a des gènes de loutre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sébastien Goethals a visiblement pris du plaisir dans cette adaptation d'un roman de Thomas Gunzig, dont il tire une trame formidablement efficace. Il consacre peu de temps aux dérives mercantiles qui ont conduit la société à privatiser la reproduction humaine, mais déploie une énergie remarquable à en mettre en scène les rejetons improbables. Les premières pages de l'album avec ces silhouettes qui semblent flotter en préparant l'attaque du fourgon sont un pur régal narratif, comme toutes les scènes d'action qui vont s'enchaîner. Limpides, silencieuses et percutantes, multipliant les angles de vue sans jamais dérouter. L'auteur a choisi de se donner de l'espace et ses personnages très bien campés fascinent, à commencer par Marianne la commerciale sans scrupules. Le père de Jean, accro aux jeux en ligne, ou la jolie Blanche qui se révèle progressivement, sont eux aussi épatants. Les quelque 270 pages de l'album s'avalent d'une traite, sans aucun temps mort. Goethals a par ailleurs réussi à donner aux dialogues entre ses protagonistes un ton parfaitement efficace et parfois cynique et drôle. On ne sent à aucun moment le besoin ni l'envie de reproduire la structure ou les passages clés du roman dont il s'est inspiré. Une réussite pleine de surprises par un auteur en pleine possession de ses moyens.