L'histoire :
11 octobre 2009, Marcel Grob, 83 ans, est convoqué dans le bureau d’un juge à Belfort. Il doit répondre d’exactions qu’il aurait commises pendant la guerre, lorsqu’il faisait partie de la Waffen SS. Après avoir nié avec vigueur, les preuves accumulées contre lui vont obliger le vieil homme à plonger dans son passé trouble.
Le 27 juin 1944, en effet, Marcel et son meilleur ami Antoine sont convoqués par les allemands afin d’être enrôlés dans l’armée. Ils n’en ont pas vraiment envie, mais savent ce que risquent les déserteurs et les familles de ces derniers. Les voilà donc partis. Au début engagés comme simples artilleurs, Marcel et Antoine vont être rapidement intégrés à la Waffen SS. Dans cette armée, présentée comme l’élite de l’armée allemande et bras armé des nazis, les deux jeunes gens vont devoir participer à des actions terribles sur les civils...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le voyage de Marcel Grob est inspiré de l’histoire du grand-père de Philippe Colin, producteur et animateur radio bien connu des auditeurs de France Inter (Downtown, L'oeil du tigre...). Le récit qu'il scénarise est une immersion intelligente sur le sort des « malgré nous », ces français d’origine alsacienne obligés d’entrer en guerre aux côtés de l’Allemagne nazie. Marcel est un jeune homme normal confronté à l’horreur sans aucun moyen d’en réchapper. Ni un héros, ni un lâche, il est l’archétype des citoyens ordinaires emportés par une logique qui les dépasse. Autour de lui, gravitent des personnages complexes et intéressants, autant du côté allemand que du côté français. La figure de son supérieur, notamment, est particulièrement réussie : intelligent, lettré et d’une grande droiture morale, il supporte difficilement les horreurs imposées aux populations locales et force Marcel à s’interroger sur ce qu’il voit et fait. Le dessin de Sébastien Goethals est d’un grand classicisme et se prête particulièrement bien à ce genre de récit historique. Néanmoins, le réalisme des visages raidit parfois un peu l’action et fait que l’on confond parfois les personnages. Il n’est pas sans rappeler le style de Pierre Joubert, dessinateur prolifique spécialisé dans le scoutisme. Ce dessin léché et légèrement désuet renforce néanmoins l’immersion, malgré la raideur du trait. Ce très bon récit historique est renforcé par un sérieux dossier en fin d’album, qui permet de comprendre les ressorts politique de ce tristement célèbre escadron de la mort.