L'histoire :
Un jour de janvier 1987, une jeune femme arrive en auto-stop dans un village isolé, d'une région qu'on devine située entre le Lubéron et la Provence. Armée d'une simple valise, Elise est seule et fuit la compagnie des autres, manifestement à la recherche d'un refuge isolé, quel qu'il soit. Se faisant proposer la location d'un cabanon, elle emménage et débute une existence solitaire et routinière. Mentant à tous sur sa véritable identité, elle intrigue les villageois qui la considèrent comme une sauvage et l'évitent plutôt. Hantée par ses souvenirs, elle passe ses journées à dessiner et à repasser sa vie en revue. Jusqu'à un jour d'été où elle fait la rencontre de Chris, avec qui elle entame une relation qui la comble, sexuellement parlant. Les deux amants poursuivent leur histoire sans jamais parvenir à partager une autre intimité que celle de leurs corps. Puis, un soir, alors que le couple a trop bu, un drame survient dans le village : une petite fille est découverte violée et assassinée. Le premier suspect est justement Elise, qui ne se souvient plus de ses actes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au carrefour ente roman illustré et synopsis de film, Les Collines Rouges est une œuvre singulière mais hésitante. Hésitante d'abord parce que les dessins sont tantôt illustrations, tantôt partie intégrante du récit. Par leur rareté, les pages de bande dessinée laissent le lecteur bédéphile sur sa faim et le dessin ne prend jamais son envol. De plus, alors que le propos de l'histoire est dramatique et violent, le graphisme mériterait certainement plus de réalisme. La seule bichromie en noir et blanc ne suffit pas pour coller à la noirceur du propos. Enfin, le style de l'écriture est très factuel et descriptif, ce qui finit par lasser, sur 324 pages… En conclusion, on ressort de cette lecture avec l'impression que les auteurs ont nourri l'ambition de réaliser une œuvre à part, un entre-deux original et novateur, mais qu'ils ont peut-être trop mis d'eux mêmes et trop cherché à guider le lecteur vers leur vision du récit : la présence des illustrations et l'écriture descriptive brident finalement l'habituelle démarche d'imagination du lecteur de roman. Il n'en reste pas moins qu'il est rare de voir des auteurs de bande dessinée aborder des sujets aussi noirs, de manière aussi crue, et que la démarche d'innovation en soi peut-être saluée.