L'histoire :
Yvan a perdu son job et ses parents. Après plusieurs années d’une vie parisienne, il fait le point sur son existence. Il part prendre un bol d’air dans le Jura, dans la maison de son ami Thierry. Les souvenirs le hantent. Les bons mais aussi les douloureux. Pour faire le deuil, il entreprend de vendre l’appartement de ses parents. Il souhaite aussi se débarrasser des moindres petits objets qui ont marqué cette vie qu’il photographie minutieusement, pour ensuite la montrer à ses deux amis. C’est en voyant toutes ces petites choses figées dans le temps qu’ils vont tous trois revivre leurs vie au travers les souvenirs, les anecdotes de leur jeunesse, les bêtises et les secrets. La femme d’Yvan fait dans l’humanitaire et travaille à l’autre bout du monde en Asie. Ils se voient peu, ses enfants sont également loin de lui. Il se sent parfois seul. Un soir, pour se rassurer sans doute, il se laisse bercer par le jeu de la séduction. Et si l’espace d’un instant, il revivait l’amour, comme on le vit justement à 20 ans, avec les papillons dans le ventre et l’air constamment enjoué ? Même si chacun a fait son bout de chemin, ils ne se sont jamais quittés et ils se retrouvent réunis après toutes ces années. Au fil des jours, différentes connaissances vont défiler pour rendre visite à Yvan. S’ensuivront des explications, discussions et mise au point. Les trois camarades se souviennent de ce jour, où ils se sont rendus à l’anniversaire de ce mec. La fête mémorable de ce type de 50 ans, ce « vieux fini » de qui ils se sont largement moqué. Parce qu’à 20 ans, on est complètement insouciants ! Et pourtant, ils ne le savaient pas encore, mais cette journée marquera leur vie et les réunira encore 30 ans plus tard.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tantôt comique, tantôt tragique, comme à son habitude, Etienne Davodeau nous émeut. Il s’entoure cette fois de ses deux comparses, Christophe Hermenier qui l’accompagne au scénario et à la photo et Joub (de son vrai nom Marc Le Grand) pour la couleur. Ces trois-là se sont rencontrés sur les bancs de la fac à Rennes dans les années 80. Concernant le graphisme, Davodeau reste fidèle au trait semi-réaliste qu’on lui connaît. Au fil des pages les trois scénariste poussent les portes des souvenirs avec nostalgie et pudeur, à l’image d’un carnet intime. La lecture se parsème de photos d’objets, au rythme de la découverte du contenu des cartons déménagés de l’appart des parents décédés. Les souvenirs remontent ainsi. Certains objets, immuables dans nos maisons, éveillent et évoquent systématiquement des souvenirs d'enfance. Le récit intimiste interroge. Les auteurs lèvent un nouveau voile sur les relations humaines, avec un combo famille-amour-amitié. On aurait presque envie de rencontrer « pour de vrai » ces personnages attachants. On peut qualifier ce récit d’auto-fiction, parce que le fond de l’histoire est vraie, malgré des personnages fictifs... bien que d’inspiration réelle. Oui, les personnages ont été renommés – un brin de fiction pour parfaire le scénario. C’est la magie de l’écrit, de permettre cette liberté d’inventer ou d’enjoliver, de magnifier la vérité pour la rendre plus trépidante, sur un fond existant. Cette chronique sociale encore une fois réussie émeut et fait rimer souvenirs avec sourires.