L'histoire :
Une nuit de février 1994, le 24. Eric vient de survivre de justesse à une tentative de suicide avec des médicaments. Prévenu par l’hôpital Morvan de Brest, Chris se rend immédiatement au chevet de son meilleur ami. Mais il faudra reprendre l’histoire en janvier 1993 pour pouvoir comprendre toute la signification de ce geste. Ça fait en fait un certain temps que la vie n’est pas rose pour Eric. Les échecs d’une scolarité au système d’orientation défaillant. La mort de son père. La déperdition psychologique et l’alcoolisme qui s’ensuit. Les ennuis financiers lourds qui en résultent. La solitude au fond de sa chambre de foyer de jeunes travailleurs. Et même plus un rond, ni la force pour appeler à l’aide. A l’aide ? Pourquoi vivre ? C’est pourtant la vie, les aventures malheureuses et heureuses, les histoires de filles banales mais ô combien signifiantes et ensorcelantes, les décisions brusques de celles à l’apparence futile, mais qui marquent à jamais… Tous ces évènements distincts et très liés, qui, dans la douleur et le bonheur, raccrocheront le destin de ce rescapé au tableau des vivants. C’est l’histoire d’une amitié forte où tous ces moments furent partagés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La deuxième partie et fin des Ensembles contraires confirme le caractère envoûtant de ce petit bijou autobiographique, très à part, mais amplement accessible. Tous ceux qui ont eu la chance d’avoir un meilleur pote, ne pourront qu’être touchés par cette histoire d’amitié forte : on a tous vécu un peu de l’histoire de Chris et Eric. C’est juste la vie à l’état brut qui est racontée, avec ses déboires quotidiens, ses ennuis et ses joies banales. Pas de meurtre à élucider, de princesse à sauver, ou de réseau mafieux à infiltrer. Rien de bien passionnant a priori. Cependant, on se trouve complètement scotchés aux planches d’un Nicoby qui, lui aussi, insuffle beaucoup de réalisme au travers d’un graphisme et d’un coloriage très personnels. Le ton extrêmement juste de cette histoire y est pour beaucoup. La scénarisation où l’on commence par le milieu et où l’on mélange les époques est un peu déstabilisante, et au début agaçante, tant ce subterfuge a été utilisé par nombre d’auteurs, souvent pour masquer une trame fade. Mais cet enchevêtrement prend tout son sens au fur et à mesure de l’œuvre. Car finalement, quand on raconte sa vie à un pote, il faut bien digresser et revenir un peu en arrière pour expliquer ceci et cela. Au final, et malgré les thèmes très noirs abordés, l’ensemble vous donne l’espoir et vous colle une pêche d’enfer… dans tous les sens du terme.