L'histoire :
Lulu erre toujours à travers la France. Elle a décidé d’échapper un temps à son morne quotidien afin de faire le point sur ses envies, ses désirs et finalement, retrouver une identité désormais floue. Sur la terrasse de la maison familiale, les enfants et les amis de Lulu sont réunis pour une veillée, causant des heurs et malheurs de cet être cher. Mais cette fois, prenant le relais de Xavier, c'est Morgane, la fille de Lulu, qui raconte ce qui est arrivé à sa mère. Lulu vient de quitter Charles – « un amant de vacances » – et son camping, mais n'a pas pour autant décidé de rentrer au domicile familial. Elle poursuit sa quête d'elle-même, sur d’autres territoires. Elle rencontre alors Marthe, vieille femme solitaire et spontanée, au cours d’un vol avorté dont l’auteur n’est autre que Lulu. Lulu et Marthe vont peu à peu tisser des liens d’amitiés, dépassant ainsi les barrières du temps. Confidentes, sœurs et amies de circonstances, les deux femmes vont devenir inséparables…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cet album clôturant le diptyque, Etienne Davodeau finit d’explorer les territoires de la solitude, peuplés de gens en souffrance, à l’affût d’un abri ou d’une présence rassurante. Ce tome deux, traité sous la forme d’un témoignage, permet à l’auteur de renouer avec l’empathie pour les gens simples et ordinaires (Lulu n’est pas vraiment un canon de beauté !), empêtrés dans des soucis sans originalité. Loin de dépoétiser le réel, la simplicité du graphisme et la banalité des situations dépeintes (une route, un banc, une jetée, un trottoir…) laissent au contraire affleurer un lyrisme du quotidien, d’une profondeur et d’une humanité toujours étonnantes chez Davodeau. Ce récit intimiste et complice sait en outre caresser la sensibilité des lecteurs (et lectrices !) en se laissant bercer par l’émotion. La narration baigne le plus souvent dans une douce pesanteur, ménageant parenthèses contemplatives et silences éloquents, alors que peu à peu solitude et introspection laissent place au mouvement dans une ambiance crépusculaire, calme et apaisante. Habitée par l’espoir d’une renaissance, Lulu poursuit son aventure face à un quotidien échouant à éroder les ultimes parcelles de gaieté encore vivaces. Le chemin de Lulu dévoile une quête identitaire, avec pour leitmotiv l’abandon du tendre coussin des habitudes, afin d’exhumer les désirs enfouis dans les limbes de la routine. Se détacher des contingences matérielles à travers le personnage symbolique de Lulu, c’est, pour Etienne Davodeau, une manière de militer en faveur « d’un vivre autrement »… Et d’offrir un répit bienvenu, libérant, un temps, de la fièvre quotidienne…