L'histoire :
Dans un futur très lointain et obscur, l’art et la culture classique n’ont plus leur place. Désormais, c’est le Canon, une entité dictatrice souhaitant que toute forme d’art et de souvenir soit effacé au profit d’une culture morne, vide de sens et prônant la supériorité de l’intelligence artificielle du Canon. C’est dans ce contexte qu’un groupe de trois personnes subtilise un objet interdit : une œuvre d’art du temps d’avant. Cette œuvre, un buste en marbre du XVe siècle, est prohibée et menacée de destruction si les opérateurs du Canon mettent la main dessus. Par la force des choses, un androïde professeur de sport nommé Tin met la main sur le précieux artéfact et se retrouve traqué par les forces de l’ordre. Forcé de quitter son cocon de tranquillité, Tin va s’embarquer dans une aventure extra-planétaire et tenter, avec l’aide d’une mystérieuse résistance, de mettre fin à la tyrannie du Canon.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Œuvre de science-fiction fortement inspirée de l’époque Métal Hurlant et aux embranchements de scénario qui résonnent directement dans notre inconscient, Mimésia se prend malheureusement les pieds dans le tapis, en raison d’une trop grande ambition artistique. L’univers dépeint par Hugues Micol est pourtant foisonnant d’idées. Ce n’est pas sans rappeler la vision de Jodorowsky et Moebius dans les pages de l’Incal. Mais l’application est souvent complexe et nous nous retrouvons trop souvent à essayer de deviner ce qui se passe sur les planches ou tout simplement ce que l’auteur a voulu représenter. Les moments plus contemplatifs profitent d’un plus grand soin (la visite du Musée, le décollage des opérateurs…) et permettent à nos yeux de se poser et de profiter de cet univers original. Scénaristiquement, Micol dresse un road-trip tout à fait classique, mais efficace, avec un héros presque spectateur de ce qui lui arrive, rendant alors l’identification au protagoniste plus simple et fluide. Le discours sous-jacent au récit sur le danger des extrêmes, des technologies et de la disparition progressive de l’art tel que nous le concevons aujourd’hui est le gros point fort du récit, qui se perd parfois dans un univers qui aurait mérité plus de pages pour son traitement. Reste que Mimésia possède un discours plutôt malin sur la disparition de l’Art avec un grand A, au profit de l’intelligence artificielle. Rien que pour ça, l’album vaut le détour.