parution 06 février 2014  éditeur Futuropolis  Public ado / adulte

Moderne Olympia

Rêvant d’un premier grand rôle romantique dans une « toile », Olympia court les castings et les plateaux, au risque de trouver l’amour et de s’attirer les foudres de Vénus. Un album tonique passant en revue des œuvres du musée d’Orsay...


Moderne Olympia, bd chez Futuropolis de Meurisse
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Futuropolis édition 2014

L'histoire :

Olympia a beau connaitre par cœur Roméo et Juliette, à chaque fois c’est la même chose lorsqu’elle se fait une toile avec son copain Le joueur de fifre : elle pleure à gros sanglots. Plus encore, elle regrette de ne pas pouvoir être cette Juliette, car elle est certaine d’avoir les qualités pour jouer les grandes amoureuses sur « toile ». Actrice, elle l’est. Mais pour l’instant, elle doit se contenter de « figurer ». Sa prochaine prestation l’envoie sur le tournage du « Cheik », une grosse production orientaliste de Chassériau, Regnault et Dehodencq. Elle doit y jouer une esclave qui sort des cuisines du palais un plat de couscous royal dans les bras, qui se fait violer par le Cheik, puis jeter en pâture à un troupeau d’éléphants excités. Olympia fait son boulot, glisse, engendre une catastrophe et se fait virer. A croire décidément qu’elle n’est pas faite pour les seconds rôles. D'autant que le tournage suivant est un échec complet également. Aussi, pour se consoler, décide-t-elle d’aller se jeter un petit verre au café avec ses copines danseuses. Devant son désarroi, elles n’ont pas d’autres solutions que de lui avouer que si elle veut réussir dans ce milieu, il faut coucher. D’accord, c’est contraire à son éthique, mais il faut qu’elle y réfléchisse rapidement...

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Après le Louvre, c’est au tour du musée d’Orsay d’agiter l’imaginaire des auteurs de BD pour une nouvelle collection (Futuropolis-M’O) dont Catherine Meurisse essuie les plâtres avec générosité et jubilation. Petit bout dénudée de la première à la dernière planche du récit, c’est l’Olympia de Manet (un peu « La Joconde » du musée d’Orsay) qui joue les guides loufoques pour un bouillon aux intentions humoristiques et ludiques, mais qui, au final, se révèle surtout riche de clins d’œil érudits. L’idée de départ est assez bien trouvée : Catherine Meurisse imagine son Olympia comme une actrice chassant les castings pour intégrer la composition d’un tableau (en jouant sur l’utilisation du mot « toile », à la fois dans le vocabulaire de la peinture et du cinéma). Mais attention, notre belle n’est encore qu’une actrice de seconde zone, abonnée au « Salon des Refusés », cantonnée soit à faire de la figuration chez les « académiques », soit à choquer l’œil encore frileux des fâcheux chez les impressionnistes. Mis en mouvement par une love story entre Olympia et un « officiel », et la jalousie croissante à son égard d’une Vénus, star mégalo capricieuse des « toiles » académiques, l’exercice focalise sur un moment pivot de l’Histoire de l’art : l’arrivée dans le paysage pictural du mouvement impressionniste et son cortège de mécontentements. Sous couvert de farce énergique joyeuse, Meurisse décrit très bien les enjeux du changement et la mécanique de ce bouleversement. Surtout, elle s’amuse à mettre en scène un très vaste échantillon de tableaux du musée (près de 50… soit simplement évoqués par une situation, un personnage ou beaucoup plus fignolés) dans lesquels Olympia et ses comparses s’ébattent avec énergie. Annoncé par l’éditeur comme particulièrement drôle, l’album tire plus son intérêt de ce rythme échevelé, dansant (avec de nombreux clins d’œil à des comédies musicales), excessif, que de sa force humoristique intrinsèque. Surtout on s’amusera de retrouver chacune des œuvres supports, d’ailleurs parfaitement respectées par le dessin de l’auteure en un très joli travail de réappropriation (avec une mention spéciale aux Oréades en p 21).

voir la fiche officielle ISBN 9782754809764