L'histoire :
Nam-Bok, jeune adolescent d’un village d’une vingtaine d’âme de l’Arctique, s’aventure à bord de son bidarka, une sorte de canoë, pour pécher et chasser le phoque. Pris dans une tempête, il dérive et se perd. Repêché par une Goélette, il vit à bord avec les marins. Après plusieurs temps passés au sein de l’équipage, lors d’une manœuvre risquée, le bateau s’échoue sur les côtes américaines. Ayant appris la langue sur le bateau, Nam-Bok est accueilli par une famille. Il continue son périple à travers le pays en rencontrant les habitants et en découvrant les avancées technologiques tels que les bateaux à vapeur ou encore les trains. Il décide de retourner dans son village pour raconter son périple et faire découvrir à son peuple tout ce qu’il a vu. A son arrivée, le chef du village se demande si Nam-Bok n’est pas une « ombre », un esprit revenant sur Terre, car personne ne revient vivant du souffle du vent qui pousse vers le large. Au fur et à mesure de son récit, Nam-Bok dépeint son périple, du bateau à voile plus grand que tous les canoës du village réunis, jusqu'à ce monstre de fer mangeant des pierres et buvant de l’eau. Malheureusement, il n’arrive pas à convaincre son village de ce qu’il a vu. Il hérite du doux sobriquet « le hâbleur », le menteur. Rejeté par son peuple, il ne lui reste plus qu’une solution : fuir.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nam Bok, personnage sorti de l’imagination de Jack London dans le récit Les enfants du froid, est repris ici par Thierry Martin. Or à la lecture de cet album, malheureusement, il manque quelque chose. Le thème traité est pourtant intéressant : refuser de croire l’inconnu afin de ne pas fragiliser ses connaissances établies. Le partage entre progrès et tradition. Le héros se retrouve confronté aux interrogations de son peuple, qui raisonne par l’absurde pour se conforter dans sa propre ignorance. Ce récit est facilement transposable à d’autres époques et d’autres lieux. Imaginez un disciple de Copernic ou Galilée en 1543, racontant à qui veut bien l’entendre que la Terre n’est pas au centre de l’univers… nous serions dans le même registre. Comment croire un phénomène que l’on ne comprend pas ? Les villageois ne veulent pas croire, jusqu'à supprimer l’humanité de Nam-Bok en supposant que c’est une ombre. Ce thème déjà développé par Thierry Martin dans Au pays des ombres (soleil) met en lumière l’emprise des traditions sur les peuples. Dans cet album, la matière est là, mais le rythme du récit est lent. Cette sensation est corroborée par la reprise du code du théâtre « classique » en respectant, presque, la règle des trois unités. Un seul lieu, un seul jour, un seul fait. Le dessin est simpliste et manque de mouvement. Les couleurs sont sombres et la seule note de couleur vive est donnée par la couleur rouge des nez et des oreilles des personnages, surement pour souligner le froid. Le récit est intéressant, mais le dessin ne convainc pas, dommage.