L'histoire :
Angela et Clara sont amies depuis leur tendre enfance. Elles vivent en Espagne dans une petite ville au bord de la Méditerranée. Encore insouciantes, elles goûtent les premières heures de leur adolescence. Il y a le quartier, la famille, l’école… Et puis ce sacré Bubu, un gentil bon à rien qui leur colle à la peau comme une mauvaise maladie. Cette fois, Bubu n’a pas oublié son skate. Il a sa belle casquette et il est bien décidé à passer un gros moment avec Angela. Si la mère de cette dernière trouve le garçon plutôt rigolo, Angela, elle, le trouve particulièrement « relou ». Pas de quoi néanmoins lui refuser une visite à la pâtisserie familiale pour avaler un « choco-brioche ». Puis ensuite le laisser venir à la maison pour regarder une vidéo. Après ces préliminaires, il est temps de passer aux choses sérieuses et d’aller se planquer pour fumer des cigarettes qui font tousser. Bubu a aussi une petite idée derrière la tête : il aimerait passer la nuit chez Angela. La bagatelle ? Peut-être. Mais il s’agit surtout d’avoir un endroit où dormir, car Bubu n’est plus le bienvenu chez lui. Bubu est décidément très, très « relou ». Et en plus, ses mains se baladent sous les draps dés qu’il est couché.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parrainé – et traduit – par Emile Bravo, l’auteur ibérique Calo débarque ses deux espiègles gamines, Angela et Clara dans le Bayou (l’excellente collection des éditions Gallimard…). Au rendez-vous : une paire de couettes angéliques – pour l’une – et une frimousse pouponne – pour l’autre – qui ne devraient pas vous leurrer longtemps. Ces deux-là, en effet, semblent avoir sauté dans leur toute nouvelle adolescence à pieds joints. Gentil voyou (carrément obsédé), gosse de riche peureux, soirée pour grands, bande de copains, famille chérie et premiers gros baisers baveux jalonnent cette première rencontre au rythme d’un récit souvent drôle et particulièrement attachant. Les dialogues font mouche et les situations suffisamment évocatrices captent notre attention. Mais surtout, Calo habille avec beaucoup de malice son récit pour faire « de l’univers secondaire » le véritable intérêt de sa BD. Les familles d’Angela et Clara sont par exemple juste gratinées à point ; les copines, copains et leurs parents impeccablement déglingos pour qu’au-delà des péripéties pré-adolescentes des deux copines, on ait un peu de « mâche » à se mettre sous la dent. En outre, Calo capte, sous couverture de caricature et d’humour, avec beaucoup de justesse, l’état d’esprit d’une jeunesse (pas qu’espagnole) à la fois bercée de consumérisme et de peu d’espoir en elle. Le dessin, accompagné d’une colorisation un peu rétro, joue la rondeur et la caricature avec efficacité. Le gaufrier souvent utilisé comprime peut-être un brin la lisibilité, mais l’ensemble reste particulièrement accessible et divertissant. Pourvu, d’ailleurs, que Calo ait l’idée de continuer de décliner l’univers d’Angela et Clara. Il y a là sans aucun doute un énorme potentiel.