L'histoire :
New York, 1954. Sur le toit d'un immeuble, Madeleine Whitman s'occupe des ruches qui l'entourent avec une patience. Elle observe depuis son perchoir la vie des gens qui veulent être consolés. Les abeilles, elle est tombée dedans quand elle était toute petite, sur les toits de l'Opéra Garnier, à Paris, où elle accompagnait son grand-père. Maintenant, c'est à New-York qu'elle perpétue la tradition familiale. Dans l'immeuble d'en face, vit un dénommé George Day, un caïd de la pègre locale qui reste cloîtré chez lui, à l'exception d'une mystérieuse sortie hebdomadaire. Son comptable Foster vient souvent lui rendre visite. Sa fille Billie est régulièrement emmenée au parc par ses hommes de main, pour se dégourdir les jambes. Les flics pistent ses allées et venues juste en bas, installés dans leur caisse. George Day a remarqué que Madeleine suit ses faits et gestes. Il se demande pourquoi une jeune femme apicultrice, élégante à souhait et veuve de surcroît, l'épie dans les moindres détails. Et si le destin les faisait se rencontrer, ils ont sûrement beaucoup de choses à se dire ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tout commence dans une atmosphère étrange, avec une femme belle comme le jour, à l'allure très Audrey Hepburn, qui veille sur ses abeilles. Il y a un mafieux qui vit avec sa garde rapprochée et sa fille dans un immeuble. Entre eux deux, une voiture de police et le vide. Il y a aussi Gramercy Park, un petit parc privé et clôturé de Manhattan, accessible qu'aux habitants de certaines résidences situées à proximité. C'est l'un des deux seuls parcs encore privés de la Big Apple. C'est d'ailleurs ce lieu qui a été le déclencheur de l'inspiration de Timothée de Fombelle, tout comme le livre La vie des abeilles de Maurice Maeterlinck, qui apporte une touche de nature dans le minéral des buildings. Son récit est envoûtant, digne des polars des années 50, avec une place prépondérante accordée à la dimension psychologique. L'intrigue avance pas à pas, avant de dévoiler une à une ses ficelles, avec un parrain noir, comme Denzel Washington dans American Gangster. Christian Cailleaux, généralement à l'aise sur les mers et océans, pose ici ses valises graphiques sur le quai d'une ville au port fréquenté. Son trait au fusain et à l'estompe développe une ambiance à la Douglas Sirk, maître du mélo américain (pour vous replongez dans l'époque, regardez l'excellent Mirage de la vie !). Un bel album qui vous poursuivra longtemps après sa lecture.