L'histoire :
1989, Berlin-Est… Ouille ! La lumière que vient d’allumer sa petite sœur pour le réveiller est douloureuse à souhait. Et pour couronner le tout, alors qu’il relève les couvertures pour observer avec surprise une érection matinale, Mirco, 12 ans, voit sa mère débarquer au même instant. La honte absolue ! Déjeuner avalé, Mirco file prendre l’autobus pour se rendre au collège. Et là, le calvaire continue : la ligne habituelle a changé de trajet et elle le dépose dans un secteur de la ville qu’il connait mal. Heureusement, il croise le chemin de Torsten, le nouveau, qui connait la direction à prendre. Torsten se moque un peu de lui, mais il l’invite à sécher l’heure de cours qui est désormais bien entamée. Pour Mirco, ce n’est pas demain la veille qu’il manquera le cours de russe de la mère Kranz. Il arrive donc en retard, mais on ne lui dit rien : Mirco est un élève sérieux et studieux, qui arrive habituellement toujours en avance. Du coup, c’est plutôt du côté de ses camardes qu’il y a un problème, car l’événement va une nouvelle fois largement leur donner l’occasion de se moquer de lui.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a cette plongée derrière le Mur, du côté de Berlin-Est, pile-poil avant qu’il ne se fissure puis s’effondre, il y a 25 ans. Il y a ce gamin chétif de 12 ans, parfait anti-héros, rapidement et irrémédiablement attachant. Il y a ces parties de ping-pong qui sentent les meilleurs jours de notre vie, les amitiés nouées à force d’humanité. Il y a enfin cette fin d’enfance qui colle comme une seconde peau aux derniers jours de la RDA… En 300 pages, Mawil déroule un récit terriblement vivant. Certes savoureusement filigrané par le contexte de la chute du Mur, mais principalement dédié à un bout de gamin et une jolie histoire d’amitié. Les rassemblements « Pionniers », l’absence des objets épatants de l’Ouest, les envies de passer de l’autre côté, murmurées par les parents, le fonctionnement sociétal du bloc communiste… Tout est là pour servir parfaitement le décor, mais toujours à hauteur d’enfant, dans ses yeux et sans aucun fil dramatique pour esquisser le moindre jugement. A la place, l’auteur préfère planter Mirco au beau milieu, ses aspirations à devenir grand, ses rapports aux autres, ses difficultés d’intégrations et cette subtile alchimie qui fait se rapprocher ceux qui sont un brin différents des autres. Dynamique, drôle et parfaitement divertissant, l’ensemble est d’une terrible efficacité. Surtout, Mawil s’amuse à montrer l’Histoire comme il l’a sans doute lui-même perçue à l’époque où, gamin de 12 ans à Berlin-Est, il vivait les derniers jours de l’Allemagne de l’Est. Plus important étaient le tournoi de ping-pong, l’indéfectible amitié pour grandir et tutoyer la liberté, que de voir s’ouvrir les portes de l’Ouest-Eldorado.