L'histoire :
En ce jour de rentrée, les élèves du Lycée Olympe de Goujes angoissent un peu : les journaux télévisés annoncent depuis quelques jours une grande refonte du système éducatif de l’Education, qui devrait permettre aux futurs bacheliers d’être définitivement armés contre la crise. Aussi, devant l’établissement, en attendant que le Proviseur ne leur en livre le contenu, s’imaginent-ils déjà l’inévitable redoublement. Et pourtant, lorsque le chef d’établissement leur révèle les tenants de la réforme, Tom et ses copains n’en reviennent pas. En effet, le gouvernement a décidé que pour lutter contre la crise, il allait tout miser sur le seul secteur économique florissant au niveau mondial : le jeu vidéo. Et donc en faire la première activité des nouvelles générations. Ainsi, en Français, les élèves découvriront les littératures d’Heroïc-Fantasy et de Science-Fiction. Les cours de langues seront remplacés par des cours de langue elfique et autres klingon. Le prof de math sera désormais chargé de rendre les lycéens experts en probabilités pour les lancés de dés et celui de SVT de les initier à la tératologie. Bref, nos amis sont contraints de se pincer depuis de longues minutes pour être certains d’être bien réveillés. Et c’est loin d’être terminé. Y compris pour le Proviseur, son adjoint et le corps enseignant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Disciples de Tolkien, Lovecraft ou Moorcock (pour la littérature SF ou Fantasy), éternellement reconnaissants envers Gary Gigax, Ralph Baer ou Gunpei Yokoi (pour le jeu de rôle ou le jeu vidéo), Lewis Trondheim et Mathieu Sapin imaginent un pétage de plomb de l’Education Nationale installant le jeu vidéo (et principalement son univers Fantasy) comme principal moteur de l’apprentissage et de la pédagogie. Les cours de probabilités et autres exercices de lancements de dés remplacent les maths. L’elfique, le klingon, le langage nain se substituent aux traditionnels cours d’espagnol ou d’anglais. On mange du World of Warcraft® du matin au soir et du jeu de rôle en TP. Mieux encore : les punitions se déclinent en soluces à apprendre par cœur. Bref, de quoi filer des infarctus au protal et faire des geeks adipeux les nouveaux gourous de l’éducation… Pour mettre en mouvement cette farce aux idées astucieuses et jubilatoires, le tandem Trondheim / Sapin s’attache les services d’un panel de lycéens sympatoches (du cancre asocial à l’ex-premier de la classe friqué). Et surtout, il s’amuse des conséquences créées par les circonvolutions de ce nouveau programme scolaire comme des grands gamins (on s’imagine très bien les auteurs autour d’un verre en train de pouffer en disant « imagine au lycée si à la place des maths… »). Au-delà, l’exercice a l’intelligence de superposer à la comédie potache, une plongée dans l’univers ado-lycéen plutôt habile et bien vue. Amitiés, amours, image de soi, douleurs de la différence, compétition se promènent également de pages en planches sous un angle où se mêle humour, cynisme et sensibilité. Nul doute que l’album s’attirera plus facilement les faveurs d’un public initié au plaisir du jeu vidéo et de l’univers SF-Fantasy. Les autres risquent de moins y trouver leur compte, d’autant que le dessin de Sapin n’est pas toujours des plus séduisants et que les saillies de Trondheim sont moins efficaces (moins adultes ?) qu’à l’accoutumé.