L'histoire :
Un matin, une petite fille se réveille l’esprit morose. Il y a des jours où rien ne semble avoir de saveur et tout paraît indifférent. Quelques feuilles mortes parsèment sa chambre (…). En peu de temps, les quelques feuilles mortes deviennent légion jusqu’à emplir complètement l’espace. La petite fille est donc poussée à sortir. Elle réussit péniblement à ouvrir la porte (…). Dans la rue, une ombre géante accompagne les pas de l’enfant. Comme un poids terrible qui l’accable et l’isole. Le sentiment d’une infinie mélancolie (…). Finalement, la petite fille est incomprise. Imaginons une bouteille jetée à la mer : elle serait le message contenu à l’intérieur, noyé et perdu quelque part sur la grève…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Réalisé en 2001 et paru en France, une première fois, en 2003, L’Arbre rouge raconte la journée morose d’une petite fille accablée d’un sentiment de mélancolie infini. La couverture figure l’enfant perdu sur un océan de solitude. Le temps est à la pluie, l’horizon paraît bouché. Prostrée, la petite fille dérive sur une mer sans vie (…). Composé d’une succession de tableaux sur une ou deux pages pleines, l’album privilégie les images aux mots qui, économes, semblent incapables de rendre le profond sentiment d’abandon – d’isolement – transpirant de l’ensemble. L’auteur, depuis multi-récompensé pour Là où vont nos pères (ou plus récemment les Contes de la banlieue lointaine), multiplie les métaphores graphiques au moyen de techniques picturales éclectiques, faites de peintures et d’assemblages et collages en tout genre. Coloré d’une dominante froide, l’ouvrage témoigne d’une puissance figurative indéniable. Chaque dessin charrie une avalanche d’émotions capables de submerger sans peine le lecteur réceptif, muet devant tant d’incompréhension. Car, au final, cette quinzaine de planches successives compose un puzzle énigmatique, comme un point d’interrogation géant. Paradoxalement, à l’économie des termes répond la richesse des images ; étonnamment, à la mélancolie d’ensemble succède une pousse d’espoir enfin, comme un sourire enfin arraché au visage de cet enfant aux cheveux roux. L’Arbre rouge est un album de saison, à la poésie automnale, tout en impression (au sens imagé du terme), rien que pour les yeux. Peut-être un poil déprimant pour des enfants ?