L'histoire :
Une immense Flamme veille sur la ville. Pourtant, elle n’empêche pas, une fois encore, de soustraire un enfant à sa mère : enlevé par un spectre en pleine nuit ! Pour qui ? Pourquoi ? On évoque une étrange société secrète, les Alchimistes, qui enlèveraient les enfants pour se livrer à de sombres expériences. Mais est-ce bien la vérité ? En tout cas, une chose est sûre : le peuple est pauvre et beaucoup doivent se contenter d’attendre la fin du déjeuner des nantis pour espérer qu’on leur jette des restes. C’est le cas du jeune Léor et de son « oncle » Mickel, qui gagnent cette fois une petite cuisse de volaille. Un peu plus loin, dans la ville, la belle Carmine récupère un sac de vieux pain qu’elle transporte dans un théâtre abandonné pour nourrir une bande de jeunes enfants qu’elle a pris sous sa protection. Le peuple souffre de cette dictature imposé par la secte. Il souffre, craignant que les soldats de La Flamme ne les pétrifient. Le jeune Estevan est quant à lui amoureux, même si son père, un riche fabricant d’armes, nourrit pour lui d’autres ambitions. Léor, Carmine, Estevan ne se connaissent pas. Pourtant, bientôt, ils partageront la même destinée : s’opposer à La Flamme pour la chasser du pays et empêcher la fin programmée de l’humanité…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après s’être amusé à nous balader dans l’univers de ses Zelphires (en 3 tomes, chez le même éditeur), Karim Friha use des mêmes armes pour cette nouvelle série : un univers de fantasy option fin XIXéme début XXéme siècle ; un décorum à la machinerie steampunk ; un régime politique marqué ; des personnages principaux adolescents ; des entités maléfiques ; et des pouvoirs surnaturels impeccablement mis en scène. Bref, de quoi faire s’affronter le Bien et le Mal à la faveur de nombreux rebondissements, sous la tutelle de personnages très rapidement attachants. Cette fois, il s’agira pour Carmine (une belle brune férue de magie et protectrice d’une bande d’enfants des rues) pour Estevan (un fils de bonne famille rebelle dont le grand-père était un alchimiste réputé) et pour Léor de défaire une secte au pouvoir, la fameuse Flamme. Les membres de celle-ci n’y vont pas par quatre chemins pour régner en privant le peuple de tout et en pétrifiant ceux qui opposent la moindre des contradictions. Seul Léor (L’Orage ?) semble doté de la solution…Mais pour l’heure, il faudra se contenter d’une habile mise en place du contexte et de l’intrigue, au rythme d’une belle dose de péripéties ou de judicieuses explications sur les enjeux et moyens de faire pencher la balance du côté des gentils. Ajoutez à cela une pincée de romantisme, un parfum de révolution, quelques robots et des affreux personnages à tête de gargouilles… pour rendre l’ensemble particulièrement calibré pour un public pré-ado ou adolescent. Car si le récit ne fait pas forcément dans l’originalité, la narration est parfaitement maîtrisée, rendant l’ensemble plutôt captivant. D’autant que la partie graphique – un brin d’inspiration manga – est particulièrement élégante et mise en valeur par une colorisation qui porte l’atmosphère (sombre et crépusculaire) avec beaucoup d’intensité.