L'histoire :
Lo est jolie. Lo vit tout prés de Mytilène sur l’île de Lesbos. Lo est jolie. C’est une nymphe au service de la déesse Diane, qui l’a recueillie à la mort de sa mère par amitié. Lo est jolie et ce matin là, la voilà qui tombe sous le charme d’un jeune berger qu’elle aperçoit se baignant nu dans la rivière. Pour le taquiner, elle lui vole sa flûte et s’enfuit. En colère, il tente de la rattraper, mais ne parvient qu’à se faire mordre par un serpent venimeux. Notre nymphe ne souhaite pas sa mort. Aussi, se propose-t-elle de le secourir en aspirant le poison. Voilà le berger sauvé, qui lui demande comment il peut la remercier. Lo ne veut qu’un baiser. Un baiser bien trop court pour la jeune fille, mais qui transforme le charme en un coup de foudre instantané. Lo est jolie et Lo veut le berger… Mais Daphnis, ce jeune pâtre, à d’autres chats à fouetter pour le moment. Des chèvres, plutôt, en l’occurrence, et une jolie jeune fille du nom de Chloé, dont il est fou amoureux. Les deux tourtereaux s’aiment follement, mais las des gentils baiser, ils aimeraient aller un peu plus loin. Se coucher nus, l’un prés de l’autre, par exemple, et tels les animaux du troupeau faire quelques galipettes osées. Mais Daphnis a si peu d’expérience, que cette première tentative de relation charnelle est un véritable fiasco…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour nous réjouir à nouveau, Lucie Durbiano s’offre pour théâtre l’Antiquité, pour thématique l’impossible amour et pour clin d’œil une réappropriation du roman pastoral de Longus (IIe siècle), Daphnis et Chloé. Rien de très académique pour autant. Notre habituée du Bayou joue superbement, en effet, décalage et modernité, pour un album où la manière de faire reste bien plus importante que le récit. Néanmoins, il y a bien une histoire. Un petit conte simple et juste comme il faut qui met au désespoir une pauvre nymphe (Lo) tombée sous le charme d’un beau berger. Manigances pour le faire tomber dans son escarcelle, revers du destin et vieilles histoires de famille, alimentent l’intrigue avec rythme et jubilation. La boucle bouclée, on ne pourra pourtant pas prétendre s’être pris une grosse claque, mais simplement s’être copieusement amusé et avoir avalé l’ensemble d’un trait. Le principal en somme… Pour ce faire, Lucie Durbiano manie admirablement son outil, en démontrant, si besoin, qu’elle aime incontestablement la bande dessinée. A son service, une gamme de protagonistes drôles, tendres ou obsédés : humains, faunes, nymphettes ou divinités se livrent à une jolie compète, pour s’approprier notre attachement. Qu’ils se rassurent : ils en sortent tous vainqueurs sans difficulté. Dialogues savoureux et théâtralité de la mise en scène complètent la panoplie pour un ensemble où l’humour est roi. D’ailleurs, très souvent en dessous de la ceinture – au diapason du parfum excitant de Lesbos – mais parfaitement maitrisé. Bref, du frais et réjouissant, mis en cases par un dessin sans prouesse, mais adapté aux situations. Un trait rond qui va à l’essentiel. Un peu comme les filles ont souvent la manière d’écrire. Un charme fou…