L'histoire :
Alors que Charly et Sapotille ont été arrêtés par le juge Dendelion, June a réussi à s’échapper, avec le grimoire de dame Mélisse qu’elle a malencontreusement (pas vraiment) dérobé. Elle laisse Pépouze, la serpillère animée, à Césaria, la mère de Charly, à qui Sapotille et lui ont lancé un sort pour qu’elle oublie l’existence de son fils, et se fasse moins de souci. La pauvre femme vit dans un monde étrange, mité par les trous de mémoire. Sapotille, elle, se rappelle bien qu’elle a déjà vécu à Saint-Fouettard, et elle tremble à l’idée d’y retourner. Charly reste comme à son habitude flegmatique et il attend de voir. Mais le directeur de l’école s’avère être le frère du capitaine Atravice, un homme faussement bienveillant accompagné de trois reptiles bleus qui surveillent et dénoncent toutes les cachotteries des jeunes magiciens enfermés dans l’école. Les jeunes gens vont vivre des journées de longues désespérances, rythmées par des cours sans intérêt, des repas dégoûtants et des corvées ménagères réservées aux perdants des jeux des devinettes, comme ceux de la mère de Charly à l’école des Allumettes Hurluberlu. Un programme concocté pour les faire rentrer dans le rang et les priver d’avenir. Mais Charly a d’autres projets. Il veut libérer Maître Lin de la prison appelée le Purgatone, dirigée par la sœur des frères Atravice. Et puis surtout, dans son chapeau sapeur, quelque part il ne sait où, sont enfermés sa grand-mère Dame Mélisse, à qui il a rendu ses souvenirs, et le Cavalier, Allégorie de la mort, qui le poursuit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue à Saint-Fouettard est le deuxième tome de la série de romans jeunesse Magic Charly, débutée en 2019 (qui ne sont pas des bandes dessinées !) Le jeune Aixois a découvert que sa grand-mère avait été privée de ses souvenirs par le Cavalier, allégorie de la mort, parce qu’elle avait soustrait son petit-fils au décès violent qui lui était promis. Après avoir découvert qu’il avait des pouvoirs de magicier, il a réussi à faire revenir sa grand-mère et à emprisonner la mort elle-même dans son chapeau de contenance. Problème : sa grand-mère est partie en même temps. Autre problème : le maître qui lui a enseigné la magie a été arrêté. Dernier problème (pas vraiment le dernier mais faisons court) : le juge Dendelion, qui l’a arrêté, ainsi que Sapotille, et les a fait enfermer dans la maison de correction des jeunes magiciers, Saint-Fouettard, cet homme corrompu par le pouvoir veut devenir une allégorie, une espèce de demi-dieu parmi les magiciers… Le couple de héros est très intéressant : Charly, grand noir affable et magicier impulsif, est incapable de produire des sorts construits. Sapotille, elle, est une petite blonde à lunettes, excellente élève, travailleuse et renfermée, aussi organisée que Charly est brouillon. Les personnages secondaires sont eux aussi très intéressants, complexes et fascinants, du juge Dendelion au jovial Célestin Bourpin. Le scénario est bien huilé, bourré de chausses-trappes, de petits secrets et de rebondissements. Mais c’est la langue d’Audrey Alwett qui fait merveille. Chacun de ses mots est un bonbon que le lecteur se roule sous la langue avec gourmandise. On parle de magiciers, parce que l’autrice aixoise raffole des mots-valises. On voyage et on fait la course avec des citrolles, on évite chaque nuit le croquemitaine, qui ne rechigne pas à être corrompu, on assiste à des combats d’épouvantails et on raconte des histoires aux poulpiquets… Elle s’amuse bien, l’actrice des Poisons de Katarz, scénariste de Princesse Sara, et le lecteur avec, qui recherche les jeux de mots, les références aux grands anciens, des frères Grimm à Tolkien, tout en restant aimanté à une histoire dans le fond très inquiétante. Une grande réussite, avec une nouvelle fois une magnifique couverture de Stan Manoukian, qui fait oublier qu’on n’a ni une BD, ni même un album entre les mains, mais bien un roman.