L'histoire :
S’invitant dans la maisonnée de Raiju, l’inspecteur Takeda est des plus clairs : la présence dans la ville de l’homme-chat est simplement tolérée. Au moindre problème, il en sera chassé. Malheureusement, ce ne sont pas là ses seuls soucis : son physique qui le classe au rang de monstre provoque railleries multiples et agressions. Ainsi, il échappe de peu à l’incendie de son domicile grâce à Kurofune, le fiancé de Kimitsu, sa sœur jumelle, qu’il héberge depuis quelques temps. Le jeune homme profite d’ailleurs de cet acte héroïque pour lui en demander la main, puis il invite son futur beau-frère à une représentation théâtrale qu’il a mis en scène pour sceller l’événement. Après le spectacle, ce n’est pas sans verser secrètement une larme qu’il laisse partir les deux tourtereaux vers Edo… Un peu plus tard, le peintre-chat commet l’imprudence de se rendre aux bains publics, attisant immédiatement la haine de Tomizo, un homme violent lié aux yakuzas. Roué de coups, Raiju ne doit son salut qu’à l’intervention de Takeda qui s’empresse néanmoins de l’enfermer pour, à son tour, le bastonner et lui signifier son expulsion de la cité. Ce ne sont pourtant que le début des ennuis : tentative d’assassinat, incendie lié à ses dons de dieu-démon, enlèvement arbitraire de sa sœur, le contraignent à prendre une ultime décision. Est-ce la bonne pour autant ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme on le constate généralement lors de la trempette estivale par grand chaud, le plus difficile est de rentrer dedans : l’angle du récit et le trait original sont ici des glaçons qui, de prime abord, ralentissent une complète immersion. Mais, passé le nombril, on la trouve effectivement bonne et à l’instar de ceux qui s’étaient baignés dans les courants tièdes de Raiju, on goute agréablement la plongée dans l’univers mythologique japonais. Bien que s’appréciant indépendamment du titre précédent, Raiden est une simili-suite de l’épopée de cet étonnant homme-félin que la naissance a fait mi-dieu, mi-démon. Ici, notre « chat-murai » tente la nage à contre-courant et défie sa destinée en tentant de devenir monsieur tout le monde. Mauvaise idée : sous les traits plus doux de la ravissante Kimitsu, il crée, sans le vouloir, un monstre assoiffé de mort qu’il devra combattre sans autre choix. L’univers proposé est particulier : plus accessible à des familiers et passionnés du genre qu’au lecteur lambda. De la même manière, la lame moderne fine et aiguisée de Loïc Sécheresse déstabilise avant de nous emporter au rythme d’un découpage vif et haletant. Le résultat ne se fait pas attendre : on s’attache sans peine à ce héros charismatique et à sa suite de seconds couteaux. Et même si le dénouement semble fermer quelques portes, on s’impatiente d’un éventuel prolongement : notre félin n’en a-t-il pas semé quelques graines lors d’une balade à fleur d’océan ?